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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 19:13

Depuis des semaines que je trouve chaque jour dans ma boîte à lettres les professions de foi des candidats aux zélections municipales de ce week-end, j'ai fini par ne plus les lire tellement elles se ressemblaient toutes. "Je... améliorer la vie des habitants... renforcer la sécurité... développer l'activité... réduire les coûts... maintenir... diminuer... augmenter...", bref, leur message est plein de verbes d'action destinés à montrer leur volonté, leur dynamisme, leur "compréhension" des "préoccupations" de leurs concitoyens, et tralala, et tralala. De là à avoir moyens de tenir ces belles promesses...

Et aujourd'hui, je trouve dans ma boîte une grande enveloppe contenant le document standard de tous les candidats, pour chacun une feuille au format A4 en couleurs avec la gueule du prétendant, accompagné de son équipe - mais un peu retrait quand même, l'équipe, et en beaucoup plus petit, faut pas déconner, pas confondre la vedette et les choristes - document où les nouveaux détaillent leur CV, les anciens soulignent leur palmarès, et où tous affichent les éventuels soutiens dont le bénéfice serait gage de réussite... 

Dans cette lutte de pouvoir où chacun des candidats n'a qu'un souhait: que les autres crèvent la gueule ouverte, et n'a qu'une seule envie: devenir le roi, l'imperator urbain des années à venir, et régner sans partage ni contestation, ils se lâchent de la façon la plus lamentable qui soit sur leurs ennemis. 

Pourquoi insistè-je ainsi sur l'agressivité à peine retenue des challengers ? Parce que la moitié de leur programme se résume à dénigrer les autres, leurs réalisations, ou leurs promesses. N'en déplaise à ces têtes de noeuds, c'est à moi, électeur conscient de l'enjeu, d'apprécier les qualités et les défauts des concurrents. Quant à eux, leur boulot n'est pas celui d'un avocat général chargé de rédiger un réquisitoire préventif, c'est de proposer un programme de gestion sociale intelligent et financièrement réaliste. De ce côté-là, je n'ai plus aucune illusion.

Allez, on y va !

 

Candidat n°1: parmi les petits logos destinés à montrer qui le soutient, quels partis politiques sont derrière lui, il s'en trouve un libellé "SOCIETE CIVILE", avec une vague silhouette de gratte-ciels. 

C'est quoi, la Société Civile ? Une association 1901, un agglomérat majoritaire de citoyens conquis par un charisme infini, un parti politique statistiquement représentatif des classes socio-économiques de la ville ? 

C'est nouveau, ça vient de sortir.

Ce candidat se présente comme "cadre, fonctionnaire dans une entreprise privée". Là, je suis largué. C'est quoi un fonctionnaire qui travaille dans une entreprise privée ? Un énarque du Conseil d'Etat envoyé en mission pour un an dans une entreprise dont l'Etat français est actionnaire ? J'ai du mal à situer suffisamment ce poste pour, au vu de la position dudit, apprécier l'objectivité de son discours et la potentialité de sa candidature. 

S'ensuit une liste des principaux thèmes développés sur ce genre de proclamation, thèmes dont je reparlerai en synthèse car tous les protagonistes les utilisent. 

 

Candidat n°2: pas un mot sur lui, profession, études, statut social et professionnel. Une belle photo de l'équipe, au verso de la feuille - la photo du recto est réservée à sa gueule -, avec des hommes, des femmes, des black que l'on sent bien ordinaires, bien citoyen-tout-le-monde. L'aurait dû glisser un ou deux handicapés en fauteuil pour la faire plus "social". Compétences de l'équipe ? Impossible à déterminer sur leur tête. 

Surgit du ciel la révélation que l'on ne sait pas du tout si ces gens ont un poil de compétences de leur poste à venir autre que celle d'être un fidèle du candidat. Le responsable des cantines scolaires a-t-il des compétences en diététique pour apprécier si la pitance servie aux mouflets est satisfaisante ? Sinon, a-t-il des compétences financières pour déléguer  ces contrôles à des organismes extérieurs dont il saura apprécier objectivement le service en termes de qualité/prix ? Le responsable des sports est-il soucieux de soutenir TOUS les sports ou va-t-il en privilégier un parce qu'il le pratique depuis son enfance et que la ville a une équipe classée quelque part ? Impossible à savoir avant. Ça, ce sont des choses qu'on découvre avec le temps.

 

Candidat n°3: là, le candidat - en gros plan - et toute son équipe - en photo individuelle - au recto, autour du discours "...équipe homogène, dynamique...", "...expérience et compétence...", "...environnement harmonieux et maîtrisé...", "...respect, honnêteté, loyauté, dévouement, responsabilité...". Argument top-démago, il évoque "...le soutien de nombreux parlementaires..." certifiant "...leur aide pour appuyer nos dossiers." Traduction du subliminal pour les cerveaux reptiliens qui constatent au quotidien la précarité de leur situation et celle de leur environnement urbain: "Avec moi, qui connaît les puissants, décideurs et financiers sans lesquels rien ne peut se faire, les choses vont bouger." A un arrière-petit goût de "Magouilles, piston, et surtout relations, vous savez tous que c'est efficace, on en parle tous les jours à propos des affaires où la politique est confrontée à la Justice." Quand c'est pas le Pole Financier, la Cour Régionale des Comptes, Tracfin et Interpol.

Au verso, à nouveau, toute l'équipe (une quarantaine) en photo individuelle avec nom, profession, et au milieu, en deux fois plus grande que les autres, la photo du candidat. Toutes les petites photos sont sur fond blanc, la sienne est sur fond de parc verdoyant, gazon haie arbustes forêt, ce qui lui confère une sorte d'auréole apaisée et écologique. Encore du subliminal. 

Il y a des noms d'origine étrangère, portugais, espagnol, italien, arabe. Pas un seul black. Doivent pas aimer la Droite ou être trop feignants pour s'engager socialement, c'est ça le message sublimanal, cette fois ?

 

Candidat n°4: recto, sa gueule, sur fond de pelouse et d'arbres, bien sûr, pas devant un HLM ou une rue paumée, pleine page sans cadre. Quelques mots, la date des élections, un vague sigle passe-partout. Programme: y'en a pas.

Au recto, on retrouve le blabla ponctué des habituels "...femmes et hommes d'expérience, disponibles et dynamiques..", avec des resucées du genre "...dépenser mieux pour dépenser moins...", "...maîtriser les dépenses...", "...favoriser un ambitieux plan d'investissement...". Un petit chapitre sur la sécurité, malicieusement rebaptisée "tranquillité", en promettant pour la Police Municipale plus de ces moyens "...qui lui font tellement défaut aujourd'hui...". L'a pas osé écrire "cruellement défaut". Demande de rapprochement avec la Police Nationale. Et la Gendarmerie, et l'Armée, comptent pour du beurre ?

Dernière proposition: l'organisation de comités de quartier avec un élu référent. Ça, c'est bien. Les habitants n'auront plus à aller à la Mairie pour... pour quoi, au juste ? Signaler un problème que tout le monde connaît ? Demander une aide ou un service qui dépend d'un service situé à la Mairie ? Le job du référent sera de faire le lien entre les habitants et  un responsable de l'équipe municipale qui ne sortira plus de son bureau ? C'est ça "dépenser mieux pour dépenser moins" ?

Et ça se finit avec un feu d'artifice de phraséologie creuse. "...ce souffle nouveau est une source d'espoir...", "...cette vision nouvelle passe par un renouvellement...".

 

Candidat n°5: aucune photo, papier blanc, façon tract syndical des années mitterrandiennes, où le mot primait sur l'image. Là, c'est Dieu qui se présente. "...candidat de la vérité contre le mensonge...", "...la lucidité contre l'aveuglement...", "...bon sens contre l'incompétence...", "...dynamisme (contre) immobilisme...", "...vraie réformes contre fausses promesses...", "...la vie, l'avenir, et la paix..." face aux "...mondialisme, communautarismes, argent-roi et violences et injustice...", "...racisme contre discrimination...".

Putain, on est sauvés !

"Une équipe dynamique et formidable composées de 17 hommes et 16 femmes..." dont pas un ne s'est aperçu qu'il y avait une faute à "composées". Personne de l'équipe n'a relu, ou ils ont tous un niveau de français à chier ?

Au verso, présentation de la mission : amélioration de la Police, plus de sou (je mets pas de "s parce que c'est écrit au singulier: "...Dégager beaucoup plus de moyen financier...") pour les écoles, les bus ("...le soir et le weekend end après 20h...", ma parole, ils écrivent en bégayant, les mecs !), les caméras, le sport, les handicapés... 

Rénovation, réaménagement, création, amélioration, de tout et du reste. Ouverture d'un Monoprix à côté de la Mairie. Hormis le fait qu'il y a bien assez de commerces de toutes tailles et de tous genres dans les environs, si un supermarché doit être ouvert, ne serait-il pas plus citoyen de lancer un appel d'offres et d'étudier les candidatures en commission générale ?

"Faire un référendum auprès des habitants pour tous les projets... qui touchent notre ville.". Pourquoi ne pas faire un référendum sur l'ouverture d'un magasin type Monoprix près de la Mairie ? Pourquoi Monoprix ? L'a des actions du Groupe, veut caser un proche, n'aime pas les petits commercçants  du Centre Ville ?

 

Candidat n°6: tronche grand format au recto, belles dents cravate oreilles plaquées dans le vent du XXI° siècle. De l'autre côté, ça sent le réchauffé: "...j'ai réuni autour de moi une équipe de large rassemblement...", "...faire la chasse à la mauvaise dépense...", "...assurer votre sécurité et protéger vos biens et votre tranquillité...", et là, attention ! le truc qui tue: "...en donnant de nouvelles missions à la Police Municipale...". Sans rentrer dans le problème du Droit (ce que le Maire peut et ne peut pas décider par décret, en respectant la Constitution), à quoi pense le candidat et à quoi pense l'électeur face à cet engagement ? Les flics seront autorisés à quoi qu'ils ne sont pas autorisés aujourd'hui ? Rentrer partout sans mandat ni commission rogatoire s'ils jugent que c'est nécessaire pour "assurer le maintien de l'ordre" ? Procéder à des fouilles et des interrogatoires sans la présence d'un OPJ ? Verbaliser pour des motifs jusqu'alors relevant d'un avertissement ? 

"...réorganiser les transports en commun en améliorant leur fréquence...". Ça, c'est un truc qui se discute avec le STIF, le Syndicat des Transports en IdF, la RATP, et les autres communes autour, le Département, le Conseil Général, qui tous doivent allonger des sous. Bon, c'est pas le Maire qui décide seul, c'est une dynamique extra-communale.

Lui aussi est plein de bonnes intentions, et lui aussi promet des trucs qui ne sont pas promettables puisqu'ils ne dépendent pas de son autorité.

 

Tous les programmes se valent en termes d'objectif. C'est "Avec moi, ça va aller mieux pour tous!". 

Tous ont une équipe "dynamique, compétente, expérimentée". Aucun ne s'entoure de bras cassés, d'incompétents ou de novices. On est rassuré.

Les cibles: sécurité, commerces, les jeunes, les vieux, les handicapés, les écoles, les cantines, culture, santé, sport, transports. L'environnement communal, sa structure, son fonctionnement, ses massifs, son cochon d'inde, sa vue sur la mer.

Les moyens: augmenter les crédits pour tout ce qui concourt à l'amélioration du bien-être général - c'est à dire augmenter les impôts, les recettes, et/ou emprunter -, en surveiller "la bonne utilisation" - c'est à dire dépenser ce fric pour ce qui est nécessaire, prévu et pas pour magouiller -, économiser à chaque fois que cela est possible - c'est à dire obligatoirement baisser les prestations (voirie, cantines, etc.), qualitativement et quantitativement, en supprimer certaines, y'a même un candidat qui veut "...bloquer les salaires des employés municipaux..."; celui-là, s'il est élu, ça va pas être la grosse empathie avec les agents catégorie C de la Fonction Publique Territoriale locale, autrement dit la très grosse majorité de ceux qui bossent pour la Commune, sans compter les agents des Communautés de Communes, des CCAS, des Syndicats Intercommunaux des Eaux, des Ordures Ménagères, et toutim, qui peuvent y être rattachés. Tout le monde est déjà en déficit de partout, les budgets sont, selon la formule consacrée, constants, les seules ressources d'une commune sont ce qui descend de l'Etat, Région, Département, et ce qui monte des entreprises, commerces, habitants. Je vois pas où ils vont prendre le fric. Je le verrai en recevant mes impôts locaux et taxe d'habitation. 

 

Dimanche, je suis pas là. Tant pis, j'aurai pu ne pas aller voter.

 

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18 janvier 2014 6 18 /01 /janvier /2014 21:36

Au vu des éléments dont on disposait en 2010, j'estimais à 2030 l'échéance d'une situation mondiale catastrophique. Aujourd'hui en 2014, cette estimation est toujours valable.

Ça ne se fera pas en 1 an, du style "2029: Impeccable! ; l'année suivante: Alerte, on coule!". Jour après jour, plus aisément visible années après année, la détérioration générale, constante et régulière, a déjà franchi le point de non-retour.

Climatonomie :

Les changements climatiques en cours sont :

- inexorables. Ça veut dire qu'ils ne s'arrêteront pas pour nous faire plaisir; il n'y aura pas une stabilisation idéale moyenne qui satisfera tout le monde, les habitants des Maldives (1 mètre au-dessus de l'eau) comme les andins (qui voient leur glacier des Dieux reculer sans arrêt), les groënlandais (qui pêchent des phoques plus rares et plus petits) et les bangladeshis (qui perdent leur mangrove), les pékinois (qui ne peuvent plus respirer sans masques) et les dizaines de millions d'autres dont on ne parle pas parce que leur déchéance territoriale n'est pas spectaculaire.

- trop avancés pour espérer réussir un revirement favorable. Parce que le changement climatique, dans sa forme la plus menaçante qu'est le réchauffement, n'est pas d'origine exclusivement humaine - loin s'en faut - toute action visant à influer dessus est dérisoire. Au mieux, on peut limiter l'accentuation d'origine humaine (réduction jusqu'à suppression de toutes les pollutions type émissions de gaz à effet de serre, y compris du nucléaire de merde qui, selon le discours officiel "ne pollue pas", et dont on ne maîtrise pas les conséquences accidentelles) mais la Terre fonctionne avec des oscillations climatiques auxquelles on n'a pas la capacité à résister. Si toutes les glaces du globe fondent, le niveau des océans monte de 70 m. Si une ère glaciaire s'installe pour quelques centaines de milliers d'années seulement, les banquises arctique et antarctique se rejoignent à l'équateur. 3 km de glace au-dessus de Manhattan, c'est déjà arrivé, plusieurs fois. On fait pas le poids.

Climatologiquement, la principale question de fond est: de combien de temps disposons-nous encore pour jouer dans la cour avant fermeture définitive ? Réponse: on sait pas. Réponse plus complète: "on sait pas" est le blabla standard pour ne pas provoquer de panique. Dans la pratique, on sait très bien que l'échéance de l'action volontaire et globale est plutôt derrière que devant. En d'autres termes, on avait à peu près jusqu'aux années 90 pour lancer un changement total de nos (mauvaises) habitudes, avec un peu de bol on pouvait espérer arriver en 2050 avec une pratique et une expérience valables en gardant nos fesses au sec. On a loupé le coche. C'est définitif et rédhibitoire. La connerie l'a emporté.

Energicologie : dégradations à prévoir dans les 2 décennies à venir. Moins de pétrole, donc plus cher. Pour le moment, les plus gros consommateurs sont les chinois, qui paient cash parce qu'ils savent pas quoi foutre de leurs devises, et leur croissance n'étant pas maîtrisée (ils n'ont plus vraiment la main dessus, elle leur "échappe") ne peut qu'empirer. Même si leur taux de croissance tombait de 12 à 2%, ils seraient toujours en situation de consommer davantage d'une année à l'autre. Frisant la saturation de toutes parts, ils n'auront bientôt plus d'autre choix que s'empiler en hauteur (une 2ème ville au-dessus de la 1ère est déjà en cours de construction à Hong-Kong), s'étendre jusqu'aux zones arides inhabitées parce qu’inhabitables (et poser des Las Vegas dans le désert de Gobi). Pas d'issue. De leur côté, les américains suceront la Terre jusqu'à sa dernière goutte de pétrole, de gaz, et de tout ce qui peut produire de l'énergie utilisable. Avant d’épuiser l’Alaska et le Golfe du Mexique, ils auront récupéré les dernières gouttes dans les autres territoires. Le Moyen-Orient est à eux. Ils sont distancés en Afrique noire par les chinois mais ils peuvent récupérer quasiment tout le reste (Brunei, l'Algérie, etc., et surtout le Venezuela, en plus c'est pas loin, c’est pas gros, quelques porte-avions et on n’en parle plus). Bref, ça va chauffer !

D'un autre côté, et il n'y a aucun paradoxe, les américains seront les premiers à réussir à se passer du pétrole quand vraiment y'en aura plus assez pour une demande générale ("générale" chez eux). Ils auront toutes les éoliennes qu'il faut, centrales solaires et autres technologies, pour continuer à bouffer 5 fois plus de kilowatt par habitant que le reste du monde. Pas cons, les zamerloques ! Très chiants, avec leur NSA, leur façon de tirer d'abord et discuter ensuite, mais pas cons !

Prédiction facile: Grand retour en force du charbon pour les années à venir. Dû au fait qu'il y en a partout, que les pays en plein essor (BRICS et affiliés) et les autres (qui essaient de ne pas couler tant l'incompétence de leur gouvernement en matière sociale et économique les a rendus impropres à une gouvernance efficace) n'ont pas le temps (ni toujours le fric) de développer des centrales nucléaires soi-disant de plus en plus sûres (traduisez: de plus en plus sophistiquées, dans une technologie où la sophistication se compte avant tout en milliards d'euros supplémentaires plus qu'en révolution technologique, mais on s'en branle, les gouvernements qui signent les contrats refilent l'addition aux contribuables). Plus de charbon, surtout cramé à la chinoise, c'est davantage de pollution à terme mortelle.

Les énergies alternatives, c'est trop compliqué pour ces cerveaux de demeurés. Utiliser le soleil, le vent, et les autres solutions similaires, qui devraient être LA première préoccupation des dirigeants s'ils étaient soucieux de l'avenir, se résume à un salmigondis de vagues promesses d'ivrogne - oubliées dès la fin de la conférence de presse. Pour faire court, l'écologie, pour un dirigeant, ça consiste à dire à ses électeurs: moins de bagnoles, et sans glace électrique, moins d'avions moins de télé moins de réalisations de prestige, du poisson plus cher pour que les marins soient mieux payés, une banquise plus propre sans puits de pétrole pour les ours blancs, une éolienne solaire dans ton jardin si t'as pas de jardin dans ton salon, achète des chaussures en amidon de maïs biodégradable, du poulet pas industriel qui coûte 2 fois plus cher, et mets des couches en tissu à tes gosses au lieu de ces couches collées aux hanches qu'on te vend en boîtes de 24. Tout ça n'est pas très porteur en terme électoral, et le citoyen fatigué de ce qu'il voit quotidiennement dans son poste de télévision n'a pas envie de l'entendre, ce qui arrange notre politicien pour qui il est beaucoup plus facile de se faire élire en promettant des nuages roses, des clairs de lune en technicolor et des tartines de Nutella à 4h.

Donc, on va continuer à surpolluer allègrement, avec quelquefois un semblant de mauvaise conscience, surtout quand une centrale part en couilles (Le nouveau cri des samouraïs: Rôoooooh... Fuck You, Shima !), quand un "futur" site d'enfouissement des déchets ("futur", ça veut dire en cours de "Test" depuis 20 ans) ne s'avère pas aussi fonctionnel qu'on le pensait (ça s'écroule, ça fuit, on peut pas récupérer les containers déjà rouillés dans les galeries pas finites, etc.), quand ces enculés de scientifiques qui ne connaissent rien au "DE-VE-LOP-PE-MENT E-CO-NO-MIQUE" (accent et version La soupe aux choux) annoncent que le niveau des mers a encore monté (Qu'est-ce qu'ils font chier avec çà ? ça monte tous les ans), que l'état des lacs, cours d'eau et océans, se dégrade continuellement (plus de plastique et de métaux lourds, moins de poissons), mais il faut "dire la vérité aux citoyens" comme le rappelle régulièrement un politicien de permanence : "On n'a pas le choix de... Il est nécessaire de... nous devons garder notre place... les modèles antérieurs doivent être actualisés... le présent nous permet de construire le futur... la route est longue mais la pente est difficile...", et autres discours néanderthaliens qui sont à l'intelligence ce qu’est le rap à l’opéra italien du 19°.

Bref nos politiciens de tous bords, du plus naïf au plus menteur, du plus sincère au plus menteur, du plus imbécile au plus menteur, du plus arriviste au plus menteur, du plus magouilleur au plus menteur, du plus ce-que-tu-veux au plus menteur, essaient de nous assurer de leur conscience du problème d'une part, de leur intention et de leur capacité à le résoudre d'autre part, de la nécessité de les écouter de leur obéir de les ovationner ("Et mes ovations ?!... Viva Don Saluste...") voire de les aimer tellement ils sont un succédané de Dieu sur Terre, ils en ont la parole l'autorité l'omniscience (savent tout, surtout ce qu'il faut faire pour que le monde fonctionne dans le bonheur et la félicité).

Crédibilité : zéro ! Crédébilité : totale !

Economologie : Chacun roule pour soi, et ne se préoccupe de son voisin que s'il a besoin de lui. Rien de nouveau depuis le paléolithique.

Petit tour d'horizon de l'actualité présente:

- en France, les ZEP s'appelleront désormais les REP, pour « réseau d'éducation prioritaire ». Sur un plan pratique, ça va changer quoi ? Ben, ils vont remplacer tous les sigles ZEP, qui désignaient d'un doigt presque accusateur certains périmètres du territoire national aux yeux de tous comme des zones culturellement et socialement sous-développées, par des sigles REP, qui désigneront les filières d'acteurs en charge d’apporter le savoir, l’éducation, la lumière, l’intelligence sociale, aux sous-développés. On sent que ça va être terrible d’efficacité.

- en France toujours, après les grandes orientations politiques, les grandes situations tragiques. L'ex-femme de Nicolas Sarkozy défend la fonction et sa symbolique : « Quel statut pour la première dame ? » Depuis les révélations d’un torche-cul qui vend de la raclure de bidet (normal, y’a des acheteurs et on est dans un système économique où l’argent est plus important que l’homme) au sujet d'une relation entre Hollande et Gouda (s’il y a un truc dont on se fout, c’est bien de savoir qui lui vide les burnes, à Flamby...), de grandes questions métaphysiques éclosent dans l’intelligentsia française sur le statut de la pouf du président. On va réfléchir à mettre en place un numéro dansé-chanté pour Fête de fin d’année en maternelle, avec personnages, costumes, décors, musique. Tous les cas seront prévus : si le Président est marié, s’il ne l’est pas, s’il est divorcé, s’il est pédé, s’il est célibataire, si c’est une femme, si elle est pédette, mariée, que fait-on du mari, s’il préfère la compagnie de son épagneul ou de son chat sur le canapé devant la télé, chaque situation sera envisagée pour que soient respectés l’étiquette (« Ach, touchours l’étiquette !... Bander les yeux à étiquette ! »), le protocole, la hiérarchie. Lors des voyages et des rencontres avec les dirigeants des autres pays, qui doivent certainement avoir les mêmes sujets profonds de préoccupation, les embrassades sincères et désintéressées se feront selon un rituel codifié respectueux de la morale républicaine et chrétienne : la femme avant la maitresse, la maîtresse avant le chien, le chien avant le poisson rouge… Si le président est musulman tendance Kadhafi, la 1ère femme avant la 2ème, etc., puis la cour, le gouvernement, les patrons du CAC40. Il faut réorganiser toute la hiérarchie présentatoire de l’Etat.

C'est rangé dans la rubrique POLITIQUE. Ça devrait être dans le pipol avec Genevière de Fontenay et la pouf (j’ai déjà oublié son nom et sa tronche) qui fait « Allo ?... Non mais, Allo, quoi ? ».

- France toujours : dans le cadre de la « relance économique », le gouvernement va supprimer les cotisations familiales payées par les entreprises, pour qu’elles créent des emplois. Quelques remarques : pas un seul chef d’entreprise au monde n’embauchera jamais un seul salarié s’il n’a pas à lui filer un boulot qui rapporte à l’entreprise. On n’embauche pas pour créer des emplois, on embauche pour gagner de l’argent. Croire que filer de l’argent (un allègement de charges destinées au social, c’est filer de l’argent) à un patron pour qu’il fasse descendre les statistiques de Pole Emploi est d’un niveau de naïveté que seule la Gauche peut espérer faire passer ça pour de la stratégie économique. Le patronat, via le MEDEF, promet 1 million d’emplois, contre ce cadeau (30 milliards d’euros). Ce million d’emplois étant complètement pipeau - et c’est paru dans la presse - Montebourg (Ministère du Redressement Productif ; ça veut pas dire grand-chose, et c’est pas les résultats sur l’emploi et l’économie depuis un an qui permettent de comprendre à quoi ça sert) se dit qu’il peut tirer sur la ficelle, de toute façon c’est du n’importe quoi de n’importe quoi : «Non, on veut 2 millions ! », sur cinq ans. Une heure après, sur Internet, il est descendu à 1,8 million. Je présume qu’ils vont jouer les marchands de tapis (on dit « négociations » quand c’est les grands qui jouent) quelques jours, avec des résultats attendus sur l’emploi dans un délai tel qu’il y aura FORCEMENT quelque chose d’autre qui viendra empêcher l’application de l’accord. Bref, ça cent l’enculade à plein nez.

Que les bénéficiaires d’allocations familiales se rassurent, elles ne diminueraient pas, si les cotisations familiales jusqu’alors payées par les entreprises étaient supprimées. Le financement serait alors assuré par un relèvement des cotisations salariales. On te pique du fric sur ton salaire et on te le rend en te disant que c’est un cadeau de l’Etat pour t’aider à élever tes gosses. T’es prié de dire merci, et de croire que les gens qui élaborent une stratégie de ce gabarit sont intelligents et compétents.

 C’est un gouvernement de gauche qui va signer ça.

- C’est quoi la différence avec un gouvernement de droite ?

- Ben… J’en vois plus…

 ECONOMIE encore : La zone euro a enregistré un excédent commercial de 17,1 milliards d'euros en novembre, contre 16,8 milliards en octobre (chiffre révisé), selon les premières estimations publiées mercredi par l'office européen de statistiques Eurostat.

- Augmentation de l’excédent commercial. Wouaaaa !... On a vendu plus ?

- Pas vraiment !... Comme on n’a plus de rond, on a acheté beaucoup moins.

- Fuck !

Prétextant la liaison extra-extra-conjugale du Président de la Raie-Publique, un député UMP réclame sa démission.

Toujours aussi con, à l’UMP.

On ne voit pas en quoi une liaison affective/relationnelle/sexuelle non officielle rendrait le Président (ou qui que ce soit) moins (ou plus) compétent. Giscard sortait la nuit, Mitterrand aussi, les autres on sait pas, ça n’a pas vraiment influencé leur comportement politique.

Comment va Boucher Al Assad ?

Bien, merci !

L’ONU est en train de rassembler 6,5 milliards de dollars pour aider les réfugiés syriens qui ont envahi les terrains voisins.

Pour quelques millions de dollars, on aurait pu trouver des tireurs colombiens ou russes qui auraient eu pour tâche de commencer par traiter le fond du problème. Et même en faisant appel à la main-d’œuvre étrangère déjà sur place, il devrait y avoir moyen de négocier un contrat adapté.

Au Royaume-Uni, expulser pour gagner des chèques-cadeaux : Le «Guardian» révèle que le ministère de l'Intérieur récompense ses employés qui obtiennent un refus d'asile en appel (procédure administrative qui permet de refouler les demandeurs d’asile) en leur filant des chèques-cadeaux et autres colifichets. Des primes sur le bulletin de salaire, c’était trop immoral ?

UKRAINE : L'adoption en Ukraine de lois renforçant les sanctions contre les manifestants et introduisant comme en Russie la notion "d'agent de l'étranger" a été condamnée aujourd'hui par des ONG comme un premier pas vers l'instauration d'une "dictature".

Tout de suite les grands mots…

En terme de vocabulaire, c’est pas « instauration », c’est plutôt « Restauration » qu’il faut dire. Ils n’ont jamais vraiment connu autre chose là-bas. Les révolutions qu’ils pensent avoir faites étaient toutes écrites d’avance, sur un scénario classique : confiscation du pouvoir et des richesses par quelques-uns qui mettent tous les rouspéteurs au trou. Rien de neuf, donc. Le changement, en Ukraine, n’est pas inscrit sur l’agenda du 21° siècle.

Les petites erreurs du NET.

2 titres, à 3 centimètres l’un de l’autre :

ESPIONNAGE - L'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) a récupéré près de 200 millions de SMS par jour dans le monde, de façon non ciblée, pour en extraire des renseignements, a rapporté jeudi le quotidien britannique The Guardian.

ESPIONNAGE : la NSA intercepte deux millions de SMS par jour…

C’est 2 millions ou 200 millions ? Qui vérifie les dépêches avant de les publier ? Personne ? Bon, alors c’est normal…

Ils ont vraiment du temps à perdre, à la NSA. Si je projette un attentat quelconque dans le monde et que j’ai besoin de communiquer par SMS avec mes partenaires, j’aurai pris soin de remplacer les mots importants par n’importe quoi d’insignifiant, les jours/date/horaire/nombre par un algorithme simple (au hasard : les chiffres pairs divisés par deux, les impairs augmentés de 10, les dates augmentées de 2 jours).

La phrase : RV au parking de la Maison-Blanche mardi 17 à 16h15 avec les 500 kg de TNT

devient :  RV à la pizzeria de Independance Avenue  jeudi 27 à 8h25 avec les 250can de Coca.

Bon, c’est leur fric, ils font ce qu’ils veulent avec…

France : le Ministre du Budget promet une baisse d’impôts en 2016. Est-ce qu’il reste une seule personne pour y croire ?

C’est une promesse de gauche, c'est-à-dire que ça a exactement la même valeur qu’une promesse de droite puisqu’aujourd’hui on ne peut plus vraiment faire la différence. Tu tires bien la chasse et tu files un coup de brosse avant de sortir.

Traduction : ou cette déclaration (destinée à garder quelques électeurs de gauche aux municipales) sera oubliée d’ici 2016. Ou les impôts augmentent de 4% par an pendant 2 ans puis seulement de 3% en 2016 (la baisse est en réalité une diminution de la hausse, un peu comme la courbe du fromage de Hollande, non, du chômage de Hollande, courbe qu’il voit redescendre puisqu’elle monte moins vite qu’avant).

Petit rappel à ces têtes de nœud : depuis 2007, mon salaire annuel net a baissé de 2,3% (c'est pas le montant brut qui a baissé, ce sont les retenues qui ont augmenté), mon total impôts (IRPP, Locaux, Taxe Habitation) a augmenté de 50%.

Aux prochaines élections, municipales régionales législatives présidentielles européennes mondiales je m'en fous, je vote pour le 1er qui m'arrange le coup.

Multimédia : Microsoft annonce la mort programmée de Windows XP.

Comme on les comprend. Moi, j’ai euthanasié le mien il y a des années déjà, pour en prendre un qui fonctionne.

Pour te donner une idée de l’état dans lequel il était, voici 2 extraits de catalogue que me fournit le Windows XP duquel je dispose dans mon activité professionnelle (là, j'ai pas le choix !).

XP-sort.jpg

Le tri est classique, de gauche à droite. Dans l'ordre qu'utilise Windows, les chiffres sont avant les lettres. Très bien. Les titres dont le nom commence par des chiffres se trouvent donc avant les autres.

A droite, le catalogue correctement trié sur le nom. On voit que les 2 derniers fichiers Zouz2014 sont à leur place, derrière les Zouz2013, eux-mêmes derrière les Zouz2011, Zouz2010, etc. Tout est bien présenté, PARCE QUE J'AI ALLONGÉ le nom de ces 2 derniers fichiers 2014 en rajoutant le jour derrière le mois.

A gauche, quelques minutes avant. Le catalogue est trié de la même façon. Mais les 2 fichiers Zouz2014 ont leur nom d’origine, et Windows ne « voit » pas que 2014 est mal positionné, entre 2009 et 2010, parce qu’au lieu de comparer pour ordonner les titres de gauche à droite, il analyse (et range) les noms de façon merdique sur au moins toute leur longueur jusqu’au point et commence par l'autre côté. Et comme le tiret (entre le mois 01 et les n° 1 et 2) est "inférieur" au chiffre 1, il range 2014 AVANT 2010.

Résultat: cette fonction de tri, basique, élémentaire, est inutilisable sans vérification permanente. Tu peux passer des heures rien qu'à chercher où sont rangés tes fichiers.

Donc, que les branleurs de Microsoft aient fini par se rendre compte, au bout de dix ans, qu'ils avaient écrit n'importe quoi sans le vérifier, est plutôt une bonne chose. Le problème avec Windows, c'est que les versions ultérieures, censées corriger les anomalies, en comportent à chaque fois de nouvelles qu'il faut détecter très vite. Comme une voiture qui calerait quand tu tournes à droite et que la température extérieure se situe entre 8 et 12°. Ça devient compliqué à utiliser.


Et vous, ça va ?


 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 23:57

  

Lire avant      MB: Médicalement Bas. (1er acte)

 .                    MB: Métabolic Bomb. (2ème acte)

.                     MB: Médicaments de Base. (3ème acte)

 .                    MB: Médicaments de base. (3ème acte: le retour)

.                     MB: Médicaments de base. (3ème acte: la vengeance)

 

 

    Imagine.

   T'habites une maison sans toit. Des mois et des mois qu'il pleut dedans à chaque nuage qui passe, et il en passe un le matin, un l'après-midi, un la nuit, dimanches et jours fériés compris. Tout est perpétuellement trempé. Tu marches dans les flaques, tu montes à l'étage en escaladant prudemment l'escalier glissant, rincé par mille orages qui t'ont lessivé de partout, tu t'accroches tant bien que mal à la rampe savonneuse, tu peux pas toucher les murs parce qu'ils te restent collés au doigt. Tout est suintant, ruisselant. Plus humide, tu meurs.

   Un jour, miracle. Tu vas enfin pouvoir empêcher l'eau de rentrer. La rosée quand il fait frais, les gouttes d'orage larges comme des omelettes, la grêle la neige qui restent collées où elles tombent si la température ne remonte pas et elle ne remonte pas, en tout cas pas assez haut ni assez longtemps pour que ces tas de glace disparaissent vraiment. Retour à l'âge des cavernes, sans la caverne.

   L'aide humanitaire se présente sous la forme d'un grand carré de plastique qui va recouvrir le haut de tes quatre malheureux murs, foutre enfin ta bâtisse à l'abri de cette flotte de merde, si indispensable mais si chiante quand elle envahit ton quotidien jusqu'à rendre ton papier-cul inutilisable.

   T'arrives péniblement à bâcher, ton premier objectif étant ensuite de réfléchir à la construction d'une charpente élémentaire qui portera une couverture quelconque du moment qu'elle sera étanche, peu importe son utilité isolatrice sous cette latitude qui ne connaît pas vraiment de grande amplitude thermique, l'important est de se foutre ENFIN le cul au sec. Parce que depuis des années que tu te manges la mousson d'été et la mousson d'hiver — t'as les deux dans l'année, particularité géographique de la maladie de Bazedow — t'aimerais bien vivre quelques instants sans te répéter pour garder le moral que t'es descendu des sauriens il y a plusieurs millions d'années déjà et que ton ancêtre la salamandre, hormis qu'elle était l'animal héraldique de François Ier, a sûrement une bonne partie de son patrimoine génétique commun avec le tien. La "solidarité du vivant avec le vivant", après quelques millions d'années, on est moins réceptif.

   Enfin, l'eau, qui, sous une forme ou une autre, ramollissait bien tout du haut en bas, n'entre plus entre tes quatre murs. En tant que primate, t'es content, parce que tu t'es bien rendu compte que comme batracien, tu valais pas un rond.

   Tu constates les dégâts. Sur ton dernier étage, qu'elle a prodigieusement déformé, gonflant le parquet et les murs d'une moëlleur malsaine. Et à l'étage en dessous, où les coulures ont laissé des traînées verticales sur les papiers, boursouflant le plâtre autour des huisseries, où les gouttes tombant inlassablement au même endroit ont marqué à jamais le sol, bois et carrelages — oublie la moquette, pourrie depuis longtemps —, où plus aucune porte n'ouvre ni ne ferme sans frotter sur toute sa tranche.

   Pis quand tu te dis que ça devrait commencer à sécher, à force d'un peu d'air vaguement ascendant qui diminuera sur des mois la condensation générale, tu découvres qu'il y a maintenant une inondation dans ta cave, les canalisations ont explosé, et la flotte est en train de monter l'escalier juqu'au rez-de-chaussée, et t'as aucun moyen d'arrêter ça.

   T'es mal !

   Vu que tes portes intérieures extérieures, tes fenêtres, n'ouvrent plus tellement le bois a gonflé, tu te dis que l'eau va remplir le rez-de-chaussée, monter au premier étage, et que tu devrais sérieusement t'atteler à aller enlever ta putain de bâche sur le toit, l'évaporation, malgré la pluie incessante, étant ta seule chance d'éviter que l'eau monte au plafond, autrement dit au toit.

   T'es très mal !

   C'est pas Katrina à la Nouvelle-Orléans, mais il y a un petit air de famille dans l'empilement des emmerdes. D'abord l'ouragan, ensuite les remontées de chiottes, produits chimiques et autres hydrocarbures qui transforment l'eau en poison. Sauf que ça se vit pas en 24 heures comme en Louisiane, ça s'étale sur presque un an. T'es pas speedé, t'as le temps d'en profiter.

   Bienvenue à Bazedowland !

 

   J'ai dit qu'on ne pouvait pas, qu'il ne fallait pas arrêter l'activité de la thyro. Dans un organisme en bon état de fonctionnement, ou dans un organisme en état suffisant de fonctionnement et qui dispose de moyens normaux de conservation.

   Moi, étant donné le niveau de mon dérèglement hormonal, mon délabrement général qui me rapproche chaque jour de la médecine légale, va quand même falloir taper fort et vite pour arrêter la surproduction de T3/T4 qui me flambe le métabolisme, tous les organes étant simultanément hyper-sollicités, bien au-delà de leur maxi nominal. Tirer un feu d'artifice tous les jours, c'est sympa, mais dans le jardin, pas dans la maison. Quand tous les trous dans le plafond n'en font plus qu'un gros, t'as plus de toit, de moins en moins de fusées à tirer, qui sont de plus en plus mouillées et vont de moins en moins loin vu qu'il pleut à l'infini.

   Alors si je pouvais mourir de mon vivant...

   Capable d'admettre qu'un jour je ne serai plus, je n'ai pas besoin pour vivre de m'accrocher à la schizophrénie de l'immortalité, mais je souhaiterais quand même bénéficier de mon quota temporel sans être brutalement interrompu par moi-même.

   Je suis dans ma maison sans toit, complètement flambés tous les deux, toit et moi (c'est cadeau !), à prendre l'eau de partout les trous.

   La première urgence la plus pressée tout de suite maintenant: la bâche pour arrêter la drache.

   Processus en deux temps. Primo: prise de sang, constatation de la situation hormonalo-globulaire, élaboration d'une stratégie incluant toutes les forces en présence, front office, réserve et logistique. Secundo: médocs.

   Si tu veux, tu peux ajouter des incantations, des prières, des cierges, des présents pour les divinités du Styx et un passe Navigo cinquante zones. Il y a des gilets gonflables dans les avions qui font Paris Nice, des fois qu'il s'arrêterait pas au bout de la piste, tu peux bien mettre des canots de sauvetage dans l'Eurostar, si le tunnel prend l'eau.

 

   Le tableau qui suit est extrait d'un plus large, qui comporte le traitement en regard des analyses, partie que j'ai enlevée, le but n'est pas ici d'inventorier la litanie des ordonnances mais de tenter d'expliquer quel choc l'organisme tout entier, le mien en l'occurrence, avec toutes ses fonctions, physio psycho mentalo blancass ginfizz, va subir pendant la première année de pharmacothérapie.

   Avec les autres médocs pour le sang et le cœur, quand j'étalais tout ça sur la table, le matin et le soir, mes cachets de toutes les couleurs comme des Smarties, je causais avec moi, bien m'expliquer à moi, me faire comprendre de moi, que les TRAK, c'était un truc qu'il fallait absolument arrêter de produire, de partout les trous qu'ils venaient, je sais pas comment je les fais, mais j'ai intérêt à trouver comment on ne les fait pas — pas facile d'apprendre à ne pas faire quelque chose, d'habitude c'est le contraire. Et ces chiasses d'anticorps, c'est quelque chose qui ne se voit pas, ne se sent pas, mais fout bien la merde partout.

   EN NE S'ATTAQUANT QU'A UNE CHOSE: ma thyro.

   Ce sera mon point Oméga. Ne pouvant me battre — action négative — contre les TRAK invisibles, moléculaires, disséminés, je vais me concentrer à aider — action positive — quelque chose de "pensable", de représentable pour mon cerveau qui a besoin de "voir" pour capter la réalité de tout. Je vais choyer ma thyro.

   Ça tombe bien, parce que y'a pas grand-chose d'autre sur quoi intervenir de façon assistée, assistance étant le mot tout à fait adapté au traitement médicamenteux dont l'efficacité est généralement améliorée lorsque le malade manifeste un désir et une volonté réels et forts de revenir à son état normal. Etat que je ne pratique plus depuis plus d'un an au moins. Pour tout dire, je sais plus trop à quoi ça ressemble, un état "normal".

 

   Voici les chevaux au départ de ce handicap. 

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05/10/2005

   Alors le premier traitement, c'est un truc qui bloque complètement les T3/T4, qui vont faire exploser tout le système. On s'occupe pas de la TSH, inexistante, même pas essayer de la remonter d'un poil, vu que les TRAK ont toujours la main sur la thyroïde qui pédale à fond la semoule. Mais cette conne, on l'étrangle à mort, elle arrive plus à respirer.

   C'est la bâche sur le toit, tu te souviens ? On a constaté que le toit avait disparu, qu'il y avait de l'eau partout, et pour reprendre un peu ses esprits, tenter de reprendre un peu la main sur cette humidité générale, le plus rapide sera le mieux. On est quand même un peu en situation d'urgence, même si je respire et qu'il n'y a pas de sang partout.

 

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04/11/2005

   L'organisme, pas du tout préparé à cette attaque, se prend jour après jour, au lever et au coucher, une grande claque dans la gueule. Après 1 mois, les niveaux de T3/T4 ont complètement dégringolé, ils sont déjà en dessous de leur seuil minimal. On est passé en quelques semaines d'une très excessive hyperthyroïdie choucroutante à une espèce d'hypothyroïdie yaourthienne, un état de déficience tout aussi merdique, mais différemment car il n'est pas "naturel" comme peut l'être une hypothyroïdie spontanée, il est biologiquement forcé. Les organes qui étaient surmenés à tous mouliner dans la zone rouge sont maintenant en roue libre, ils produisent encore sur leur lancée, mais ce sont leurs derniers prout-prout, ils ne reçoivent déjà plus la dose basse de la fourchette, la valeur de référence plancher. On est déjà sous les lattes de sapin, bien au chaud entre les solives, avec la poussière et les acariens. Un bonheur...

    On continue aux mêmes doses. Le manque de T3/T4 n'est pas plus souhaitable que leur excès, à court terme létal, ou directement (le catabolysme — l'auto-combustion — qui s'arrête quand tu n'as plus de graisse à brûler) ou indirectement (l'AVC impromptu pendant ton sommeil), mais on doit avant tout s'assurer qu'une bonne coordination générale se remet en place. On ne veut pas compenser des déséquilibres par des béquilles, on veut réapprendre à marcher. A la thyroïde qui comprend rien de ce qu'on lui dit de pas faire et qui se prend, chétive pécore, pour la grenouille enflée du bœuf de La Fontaine.

   Il faut relancer la chaîne hypothalamus>hypophyse>thyroïde, parce que si cette patate de thyro produit les hormones qui commandent le bon fonctionnement général, ce n'est pas elle qui est capable de déterminer combien il faut faire de tonnes de betteraves pour nourrir la vaillante population du kolkhoze local. Les décisions de planification sont prises au niveau du Comité Central. Au bout de la table, l'hypotatamus Secrétaire-Président décide parce que c'est lui qui reçoit les infos de tout le pays et que son rôle centralisateur est justifié pour éviter le bordel. Sinon, chacun ferait n'importe quoi et sans aucune synchronisation INDISPENSABLE aux corps composés que nous sommes. L'hypoterminus, il est centralisateur, mais expérimenté, désintéressé, il va pas aux putes avec l'argent des écoles et se prélasse pas sur la plage, on n'a rien à lui reprocher au regard des résultats quand chacun, suivant ses ordres, fait normalement son travail dans une empathie chargée de bien-être partagé.

   L'organisme est marxiste raisonnable, tendance socialiste. Vaut mieux être efficace qu'être chiant.

 

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02/12/2005

   Et on voit au bout du 2ème mois que l'hypopamadeus commence à reprendre la main sur le monde. Obéissant à ses ordres, l'hypophyse produit 2 fois la dose normale de TSH, dire à l'autre pomme qu'elle relance un peu les T3/T4, étant donné qu'on s'achemine vers du n'importe quoi mais pas très épais vu les 0,74 qui reste de T4. Faudrait quand même pas finir paillasson hormonal parce qu'on a échappé finir serpillère bazedowienne.

   On constate avec satisfaction que la machine est relancée, mais n'ayant pas de point de repère préalable sur la vitesse d'assimilation par mon organisme de toutes les molécules artificielles que j'avale, on décide de jouer la carte de l'hypothénuse qui recoiffe sa casquette de Général Commandant Suprême des Forces Intérieures et impose ses ordres à l'hypophyse qui répercute à coup de TSH.

 

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06/01/2006

   Analyse, résultats, l'INR sanguin qu'il faut arriver à stabiliser jusqu'à ce que le cœur veuille bien redémarrer proprement, les sœurs siamoises T3/T4 et la TSH.

   Effectivement, ça grimpe sévère de ce côté-là. Je n'en produisais plus depuis des mois, l'hypopotame en chef s'étant rendu compte que ça déconnait deux étages en dessous avait désespérément fermé les robinets. Mais vu les taux présents ultra-faiblards de T3/T4, en insuffisance qui sent déjà la pénurie, le "non-mesurable" inférieur à 0,01 , les zippos balancent des pleins camions de TSH sur le trottoir, jusque dans la descente du garage.

   TSH à 34,06 , 7 fois la dose maxi, c'est comme pour les TRAK 3 mois avant, on fait pas dans le léger, le suave et le pastel.

   C'est l'inondation dans la cave, qui monte, qui monte.

   Dire qu'on est bien serait peut-être un peu excessif. C'est comme le bronzage au micro-onde, t'as beau t'être entraîné avant avec les pieds, quand tu mets la tête, parfois c'est dur. Même réglé sur "Con gelé", tu sens que t'es pas vraiment fait pour ça.

   Face à ce nouveau délire, on change les doses. Plus question d'étrangler la thyro, faut qu'elle crache un peu de T3/T4, réapprendre à faire son boulot, mais pas plus, espèce de stakhanoviste à la con !

   On divise par 4 les cachets bloquants, et on commence à ajouter les cachets stimulants faibles, sans se préoccuper des TRAK qui doivent commencer à baisser mais sont encore sûrement agglutinés sur les récepteurs de la thyro comme des bœufs devant la finale télévisée d'un concours européen de variétés niaises.

   Les TRAK, au chiotte !

   On les méprise.

   De leur race !

   De bâtard !

 

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07/02/2006

   Tadang ! Un mois à ce régime-là, petite prise de sang, résultats.  

   Ô putain, ça va mieux ! Tous les indicateurs sont nickel-chrome dans leur VR. La TSH est presque au milieu de la fourchette. Un vrai bonheur, après avoir raclé le fond de la gamelle hypothyroïdienne.

   Quatre mois seulement après le début du traitement, je pourrais me croire guéri.

   Sur le papier. Dans la pratique, c'est moins évident. Parce que le putain de tsunami qu'est passé a quand même un peu foutu la grouille du haut en bas. Habitant ma pauvre maison spongieuse, j'ai parfois un peu de mal à retrouver quelque chose dans ce désordre. Maintenant, faut ranger tout, nettoyer, éponger les flaques, bref ! en finir avec l'humidité et les cuvettes et serpillères.

   Au vu des compteurs de T3/T4, il n'est pas con de rester sur ce dosage de "pour" et de "contre" qui semble fonctionner, sachant que le décalage va certainement se manifester à un moment ou à un autre, voire aux deux. On avisera à la prochaine analyse.

 

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05/05/2006

   Trois mois plus tard: KONTROL !

   Merde, ça a recommencé à déraper !

   Cette fois, c'est la T4 qui repart vers les cimes. Et la T3 en deuxième de cordée. Leur grimpette clandestine a été détectée, la TSH n'est plus que résiduelle.

   Le traitement, qui jusque là semble avoir été efficace, reste inchangé. Cette petite remontée peut n'être qu'un effet de bord, une espèce de réaction inertielle qui va disparaître peu à peu.

   Mais là, on va pas attendre 3 mois pour savoir s'il faut rectifier le tir.

 

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08/07/06

   Deux mois ont passé. Enième prise de sang, dédiée aux habituels paramètres sanguins et hormonaux. Au labo, ça fait longtemps que je suis devenu un "habitué". J'ai droit aux sourires légèrement complices que l'on a pour les clients réguliers.

   Résultats par Internet: je mets à jour mon tableur, imprime un exemplaire pour mon toubib, un autre pour moi, que je garde toujours dans ma sacoche avec mon dossier complet, si j'étais renversé par une voiture, qu'on sache quel est mon régime médicamenteux, surtout le sang et le cœur avant de me filer d'autres trucs qui contrindiqueraient.

   Du côté T3/T4, la grimpette en touriste tourne à l'escalade de pros avec crampons, sherpas, camps de base et prétention au Guinness Book dans la catégorie "Yoyo thyroïdien".

   Faut arrêter ça. Tentative de changement de dosage. Les médocs "pour" sont ramenés au plus faible niveau possible, les "contre" restent inchangés. T'arrêtes l'artillerie, tu renforces la cavalerie avec l'infanterie, t'envoies l'aviation, tu rappelles la marine. On ne parle pas encore d'armistice.

   Et c'est reparti pour trois mois.

 

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03/10/06

   Et là, putain ! je me retrouve comme un an auparavant. Une production de T4 pour trois personnes pour moi tout seul. Et plus de TSH, l'hypothalamus, Grand Deus Ex Machina, bien au courant de ce nouvel excès de l'autre betterave! en-dessous, ayant fait stopper toute production.

   Suffit de descendre dans le tableau les proportions de T3/T4/TSH pour apprécier la bascule par rapport aux VR.

   Les T4 réduites en 3 mois de 30,85 à 0,15 puis remontées en 9 mois à 28,29.

   Les T3 descendues de 12,62 à 0,54 puis remontées dans l'avion.

   Les TSH renvoyées à des doses de fou pour tenter de relancer chaque moteur névralgique avant son arrêt complet, cette fois définitif, qui disparaissent quand la machinerie s'est à nouveau emballée.

   Les trois T se sont traversé aller-retour la zone de référence sans s'arrêter aux postes frontières. C'est l'espace Hollywood Schengen, tu peux aller où tu veux sans formalités préalables.

   Ça secoue un peu quand même. Ça partait bien, façon "Indiana Jones aux pays des Zormones", revolver et fouet remplacés par des cachets "pour" et "contre". Ça a glissé bizarrement vers "Oui-Oui chasse le dahut" avec Chuck Norris en danseur argentin, et ça se termine pas vraiment avec Casimir qui mange son gloubi-boulga en attendant Godot. Même quand tu as suivi tous les épisodes, t'as du mal à reconstituer la saga.

  

   Je débutais, j'étais en première année.  Tu apprends le chaos, la gouvernance a posteriori, curative — la gouvernance préventive ce sera pour plus tard —  et tu te regardes changer plus vite et différemment que tu l'as jamais fait.

   La maîtrise en thyroïde ondulatoire, option T3/T4/TSH dans les VR, faut quatre ans. Après, encore un an pour l'option pondérée des TRAK stabilisés, t'as le Master 2, pas dégueulasse non plus.

   Moi j'ai continué encore 2 ans.

   Normalement, l'année prochaine, l'agrèg.  

   Après je verrai si je fais aussi un doctorat. J'hésite encore un peu entre la recherche et l'enseignement.

 

 

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 23:40

Lire avant      MB: Médicalement Bas. (1er acte)

.                     MB: Métabolic Bomb. (2ème acte)

.                     MB: Médicaments de Base. (3ème acte)

.                     MB: Médicaments de base. (3ème acte: le retour)

 

 

 

   Alorsse ce base d'eau, comment on soigne ça, putain cong !?

   Comme on le voit, aucun organe n'est vraiment malade, chacun tient son rôle, du haut en bas de la chaîne de commandement et d'exécution. L'hypo, à l'anus, perçoit le dysfonctionnement, ordonne à l'autre hypo, la physe, d'arrêter de faire de la TSH, ce qui devrait stopper net la thyro, laquelle, cernée par les TRAK qu'elle croit être de la TSH, dit, à juste titre: "Moi, j'ai reçu des ordres de production, je les exécute !". 

   L'idéal serait d'arrêter de produire des TRAK, au moins quelques temps. Le gros problème, c'est qu'on ne sait pas localiser un endroit d'où ils sortent, un à un ou dix d'un coup. Ils viennent de nulle part et partout, leur origine est trop diffuse pour qu'on puisse la situer et l'interrompre, au moins la diminuer. Donc, puisqu'on ne peut pas combattre l'ennemi, on va tenter de rendre sa stratégie inopérante, en reprenant la main sur la thyro aveuglée.

   Ça, c'est comme pour fluidifier le sang, c'est plus facile à dire qu'à faire. 

   Problème : on ne peut pas bloquer l'activité de la thyro. Plus exactement, il ne faut pas la bloquer, vu que c'est elle qui conditionne le bon fonctionnement général. Si on la stoppe complètement, c'est l'arrêt du métabolisme, donc la mort de l'organisme puisque plus rien n'y tournera à la vitesse nécessaire, puisqu'une trop grande partie de ses organes vitaux a besoin de recevoir des hormones pour travailler. 

   On ne peut pas la ralentir non plus, puisque son activité excessive est due aux TRAK qui la pilotent et qu'on ne sait pas les limiter. Si on shoote une partie des TRAK, d'autres les remplaceront, tellement il y en a. Et bien évidemment, il ne faut pas les exterminer eux non plus car, malgré leur côté chiant quand ils sont en surnombre, ils sont aussi indispensables que le reste. S'ils n'étaient pas là, nous ne vivrions pas. C'est compliqué, la vie...

   Pour ramener la thyroïde dans le droit chemin ouvrier qui est le sien, pas d'issue dans une seule attaque, frontale ou latérale. 

   Alors, la ruse: on va lui filer des composés chimiques destinés à l'obliger à produire une quantité normale d'hormones, et en même temps d'autres composés chimiques pour l'empêcher de produire ces fameuses hormones. Prise entre deux feux, coincée entre deux murs, elle va faire ce qu'on lui impose: produire un taux minimal d'hormone - qu'elle ne saurait pas d'elle-même limiter malgré la nocivité qu'engendre leur excès, vu les TRAK qui poussent derrière - et ce taux ne dépassera pas un quota précis vu qu'elle reçoit simultanément des ordres de baisser sa production - production qu'elle ne saurait empêcher de s'arrêter COMPLETEMENT si les ordres du premier médoc ne l'enjoignait à fournir. 

   En gros, c'est : "Fais plus, feignasse ! Fais moins, connasse ! Si tu fais pas assez, j'te tape ! Si tu fais trop, j'te cogne !". Soumise en permanence à des ordres contradictoires, des encouragements et des remontrances, la thyro, bonne petite exécutante, avec une obéissance et une passivité toute prolétarienne, simple catalyseur dans une machinerie dont elle n'est qu'un des dispositifs aveugles des autres, fait mais pas trop, produit sans excès, avec une régularité synchrone, et tous les organes receveurs et transmetteurs de ses messages hormonaux, à leur tour, font mais pas trop, produisent sans excès, avec une régularité synchrone, et tous les grouillots qui cavalent de partout livrent leur pizza sans se rentrer dedans ni se manger les trottoirs, roulant vite et beaucoup mais pas plus, suffisamment mais pas trop, un peu moins que si c'était autant qu'il aurait fallu faire vu ce qu'on demandait par rapport à ce qu'on pouvait et on va te le répéter sans arrêt jusqu'à ce que ça rentre dans ta tête de légume qui a pas l'air de comprendre que maintenant c'est comme ça que tu dois t'y prendre pour faire ce que tu fais et pas autrement que tu croyais n'importe comment, espèce de brêle baveuse et dégénérée !!"

   Comme en beaucoup d'endroits au monde, à ce régime-là, au bout d'un certain temps, voire d'un temps certain, appréciable en années stratifiées, on obtient forcément ce qu'on impose avec tant de constance et de persuasion. Du charisme chimique, ça s'appelle. La thyro, robe moulée en élasthanne ras les miches, cesse de danser comme une pouf beurrée sur la table, revient à des oscillations plus naturelles, plus lentes, plus en phase avec la musique et l'ambiance pénombre qui sied si bien à l'harmonie entre amateurs de velouté. Petit à petit, l'excès de production hormonale diminue, le trop-plein disparaît, le niveau redescend, on revient à du civilisé, supportable. La TSH remonte un poil (ça veut dire que l'hyppopotamus a été informé qu'une "normalisation" était en cours et il recommence à donner des ordres à l'hypophyse, qu'elle envoie un peu de TSH à la thyro pour que cette crème d'andouille produise "un peu" - le nécessaire, et basta ! - de T3/T4). 

   Mais tout ça n'a aucun effet si ce n'est convenablement adossé à l'origine première du boxon, les TRAK en surnombre qui noient la thyro comme des hackers déglinguent un site informatique en le saturant. 

   Mais vu qu'on ne sait pas, rappelons-le, limiter ces connards de TRAK, cette phase de réduction de leurs effectifs passe par un important travail qui dépasse la simple réaction biologique à un produit chimique. On appréhende forcément l'invasion des TRAK autrement que comme une surpopulation de lapins auxquels on va foutre la myxomatose. C'est plus nuancé qu'une grippe dont l'origine est extérieure. Il y a une nécessaire - et heureusement inévitable - prise de conscience de l'état de dysfonctionnement dans lequel on se trouve, le fait qu'est perturbée sans retenue la circulation générale des informations de régulation, qu'on génère soi-même des entités complexes qui n'existent pas naturellement dans le cosmos (les hormones, spécifiques aux organismes que nous sommes) qui vont nous conduire à un arrêt général définitif, et qu'il est VITAL de revenir à du sain en passant l'aspirateur et la serpillère. L'agression n'est pas extérieure, bactérie, virus, prion, ce que tu veux, là tu es victime d'un truc dont toi seul, sans en avoir la conscience ni la visibilité, est générateur. 

   En gros, tu te dis, à juste titre, et sans acrymonie mais avec lucidité, que ton organisme est tellement malmené qu'il fait n'importe quoi sauf ce qu'il devrait, et que c'est sans doute pas pour te nuire sciemment, et qu'il va falloir adopter une position et un comportement plus diplomatiques si tu veux rétablir le dialogue avant qu'il se roule en boule sous la table en hurlant "A la crève, Gamarades !". 

   Première action évidente: tenter de diminuer, voir éliminer, le stress profond et invisible qui a conduit toute la machinerie, le physiologique, et l'équipe en poste, le psychologique, à se lancer dans la course à l'Everest habillées moitié en homme-grenouille moitié en danseuse classique. Les palmes avec le tutu, ça le fait pas, ni dans l'eau ni sur scène. Faut tout revoir: la mise en scène, les costumes, l'éventuelle chorégraphie, l'objectif artistique: tu veux divertir, cultiver, enseigner, choquer, simplement distraire, faire rire et sourire, conforter par de viles flatteries ou par quelques compliments justifiés. 

   Bref, il va falloir se réconcilier avec toi-même avec qui tu n'étais pas fâché, mais ce serait quand même mieux de se revoir, depuis tout ce temps, passer quelques bons moments ensemble, et se dire qu'on va s'appeler et se faire une bouffe. 

   Tu te causes à toi-même, poliment, calmement, gentiment, courtoisement, aimablement, mais avec fermeté, responsabilité, assurance, lucidité, essayant de bien te faire comprendre par ton interlocuteur, toi-même, et c'est celui qui le dit qu'y est, merde alors ! 

   L'introspection analytique n'est pas d'un grand secours, vu que c'est essentiellement, profondément, un problème de viande. La schizophrénie qui s'implantait sournoisement dans la tête par le dysfonctionnement hormonal - le déséquilibre bazedowien touche toutes tes facettes, ton senti, ton affectif, ta mémoire, ton cul et tes burnes aussi, et devient général - se trouve d'un seul coup glisser entre le corps et la conscience (nourrie par la perception merdique de sa déconnance couplée aux traitements de cheval) que l'on en a. 

   Et durant la première année et demie de traitement, il y a quelques périodes et événements pas vraiment sympas à vivre. Des mois durant, je me lève le matin en me demandant : "Comment ça va être, aujourd'hui ?". Parce que c'est surprise tous les jours. J'ai l'impression, la sensation, qu'une partie de mon corps, jamais la même, simple ou plus souvent composée (l'estomac et l'ouïe, les poumons et les deux bras gauches, la ceinture pelvienne et la température...) a décidé de faire du plongeon à dix mètres pendant la finale du dos crawlé. Oui, dans le même bassin ! Faut pas leur en vouloir en-dessous de plus nager en ligne droite. C'est la grosse désorganisation dans le synchronisme nécessaire à la réalisation de quelque mouvement que ce soit. 

   Ça va foutre la grouille pendant quelques instants à quelques heures, je ne sais jamais à l'avance, ni quoi, ni quand, ni combien de temps, avec quelle intensité.

   Et un jour, ça se traduit par un arrêt total du système moteur inférieur. 

   Je travaille au bureau jusqu'à largement 20 heures, je suis seul dans mon bâtiment, à taper sur mon clavier, seulement éclairé de ma lampe de bureau. C'est l'heure de partir, même si c'est encore un peu chargé sur cet A86 de merde, ça devrait être moins pire qu'à 18 heures. 

   J'arrête mes sessions, fais mes sauvegardes, et éteins mon zinzin. 

   Et je veux me lever de mon fauteuil, et rien ne se passe. Inertie totale. Pas un poil de réaction, de sensation. Pas de feedback. Parce que pas de mouvement. Pas de perception par le cerveau des chaussures qui ont quitté le pied du fauteuil et se sont posées par terre. Que dalle !

   Des deux mains accrochées au bureau, je me pousse en arrière de quelques centimètres, voir s'il y a encore des pattes en-dessous, ou si elles ont glissé sur la moquette. Je les avais ce matin, j'ai rien entendu tomber pendant que je travaillais, elles devraient pas avoir glissé bien loin.

   Oh, surprise ! Elles sont encore là. Je les vois à leur place dans le pantalon. 

   "Alors, que se passe-t-il ?" interrogè-je. "On feignasse ? On se la joue Sieste martiniquaise ? Gondole vénitienne ?... Je vois pas de dazibaos revendicatifs, alors c'est quoi, le buzz ?... Allo?... Quelqu'un entend ce que je dis ?... C'est Dieu qui cause depuis là-haut, y'a quelqu'un qui va répondre ?... Non ?... ". Bon, je vais me démerder tout seul !

   Quelques temps avant, j'avais vu un téléfilm sur la 2ème Guerre Mondiale. On y voyait le Président Roosevelt dans une scène célèbre, celle où il demande à ses généraux quelque chose de très important pour accélérer la fin du conflit. Navrés, ses généraux lui répondent, résolus à l'évidence : "Impossible, Monsieur le Président !". Alors, lui, le Président paralytique, qui ne se déplace qu'en fauteuil roulant tant il est bouffé par la polyomyélite, attrape son bureau à deux mains, serre les dents, tire de toutes les forces qui lui restent dans les épaules, arrache son corps à son fauteuil, le hisse à la force des bras à la verticale, et sans cesser de le tenir en équilibre mouvant sur ses jambes, simples échasses mortes, il répond d'une voix que l'effort essouffle au bord de la colère: "Ne me dites pas que c'est impossible !". Les autres ferment leur gueule.

   Alors si lui a pu le faire, moi qui suis en bonne santé, je devrais y arriver. Ou alors je suis le dernier des bandages hémorroïdaires. 

   Je me dis que le bureau, ça va pas le faire. Roosevelt s'est accroché et s'est tiré à un meuble huit places de deux cents kilos. Qu'il y arrive ou pas, il ne risquait pas de le renverser. Mon bureau en ferraille et bois est un matériel d'aujourd'hui, fonctionnel, c'est à dire spacieux, pratique, et, fait bien chier aujourd'hui, léger. Il n'y a pas de caisson intégré qui en augmenterait le poids et baisserait son centre de gravité. Me tirer là-dessus, ça va mal se finir, je vais m'écraser les couilles avec le plateau ou me casser la gueule et prendre l'écran, cathodique à l'époque, sur le crâne.

   Des mains le long du plateau du bureau, je me tire vers l'armoire grande ouverte devant laquelle je passe normalement pour le contourner. Je m'arrête en touchant l'armoire, attrape d'une main l'étagère du milieu et me tourne sur mon fauteuil, face à l'armoire dont j'estime le poids par rapport au mien, et sa répartition pour essayer d'en situer le centre de gravité. S'il est trop haut et que ça tourne mal, je ne pourrai pas empêcher l'écrasement par quelques dizaines de kilos de métal et de classeurs format annuaire. Ça va faire du raffût mais les seuls mecs présents à cette heure sont mes copains du pupitre, dans le bâtiment d'en face, trop loin pour entendre quoi que ce soit. Faudra que je me dégage tout seul, et que j'attrape mon téléphone, si les fils sont pas arrachés dans le cataclysme, sinon la nuit va être chiante, couché sur la moquette comme un SJF - sans jambes fixes - au moins jusqu'au passage de l'équipe de sécurité. 

   Pour éviter ça, je dois me hisser le plus près possible des étagères, comme si je voulais ramper sur leur tranche, et bien m'assurer que, si je ne sens plus mes jambes débranchées, ma perception manuelle reste satisfaisante pour sentir le moindre frémissement de l'ensemble, précurseur d'un basculement qu'il faudrait compenser d'un réflexe rapide, quitte à se viander, mais sans rien prendre sur la tronche.

   J'attrape l'étagère du milieu, assure bien mes pouces sous le rebord, et commence à tirer vers l'avant. Très vite, je sens qu'il va falloir tirer fort, plus fort, et que je vais devoir très rapidement m'accrocher au niveau supérieur pour continuer le mouvement. Je tire, je tire, je lance une main vers le haut, je dois à tout prix compenser la différence entre les deux bras pour garder mon équilibre, je tire, je tire, je lance mon autre main après l'étagère, cette fois je tire à égalité des deux épaules mais c'est l'équilibre de l'armoire qui devient de plus en plus fragile. 

   Mais avant que tout s'écroule, moi en-dessous et le matériel au-dessus, je me trouve debout, le regard baissé mais vainqueur, satisfait mais interrogateur : "Bon, en v'la un bout, maintenant va falloir faire marcher tout ce bordel !". 

   Je vais pas me laisser emmerder par une paire de guiboles, même si c'est les miennes. Sans blague !

   Je prends le haut de ma cuisse à pleines mains, je soulève et la tourne un peu vers le passage. Je dois ressembler à Charlot, les pompes en "V" à dix heures un quart. Mais je suis pas là pour rigoler. Je saisis la deuxième papatte, je tire et mets tout dans le même sens, face à la route qui m'attend.

   Répétant sur plusieurs pas mon mouvement de traction manuelle du pont inférieur, j'avance de deux mètres jusque dans le couloir. 

   Là, je tente autre chose, qui ne peut fonctionner que si les deux patounes en dessous acceptent de participer : les mains sur les hanches, je pousse mes reins et ma taille en une espèce de vague mouvement houlahopien dont le ridicule atteint sûrement un sommet. Désolé, j'ai pas filmé. 

   Mais ça marche, la danse de bimbo avec des pompes de dix kilos. Réveillées, rebranchées, réalimentées, mes guiboles me portent en ondulant jusqu'au bout du couloir, puis c'est la pénombre du hall, et j'arrive à l'escalier, à quinze mètres de mon armoire de départ. 

   Là, je m'arrête, assez content de ma victoire. Tenter de monter l'escalier pour aller chercher du secours chez mes potes, faut traverser la passerelle entre les bâtiments, j'ai peut-être pas besoin. La mécanique a l'air d'être repartie, je devrais m'en sortir encore aujourd'hui.

   Je fais demi-tour, sans les mains, et je regagne mon bureau d'un pas encore hésitant, mais avec les pieds.

   J'hésite, préfère ne pas me rasseoir. Faut pas pousser le diable par la queue dans les orties. Je vais plutôt profiter de la dynamique ambiante. Je prends mon sac, éteins la lumière, et repars en sentant le délice de mon pantalon sur ma peau, les muscles qui fonctionnent à l'intérieur, mes pieds dont chaque pas me renvoie la dureté du sol. Je traverse les bâtiments, quitte l'enceinte gardée, gagne ma voiture.

   J'ai eu mon emmerdement-surprise du jour, ça devrait aller pour rentrer. Demain, on verra ce qui sort, vu que c'est tombola tous les jours...

  Quelque chose me dit que je vais sûrement encore gagner. 

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 23:48

Lire avant      MB: Médicalement Bas. (1er acte)

.                     MB: Métabolic Bomb. (2ème acte)

.                     MB: Médicaments de Base. (3ème acte)

 

 

 

   Sur le plan des médocs, après le coeur à relancer et le sang à fluidifier, le 2ème angle d'attaque: la thyroïde. Là, c'est un autre genre. Aussi bizarre que ça semble, on va associer des médicaments "pour" et des médicaments "contre".

   Pour comprendre la stratégie, faut connaître le fonctionnement. Ce sera notre rubrique: "Comment ça marche ?".

 

   Le système endocrinien est un truc hyper-complexe, et surtout hyper-fragile. Il est piloté par un machin gros comme une noisette, noyé dans le cerveau, l'hypothalamus. 

   C'est quoi, l'hippopotamus ?

- L’hypothalamus est un super-capteur, et un centre intégrateur du corps. 

   Ça consiste en quoi ?

- Il reçoit des stimuli, des signaux si tu préfères, hormonaux (chimiques) et nerveux (électriques), venant de tout ton corps, signaux relatifs à son fonctionnement. Du feedback, pour causer rapide.

   L'hypothalamus, aussi "Centre décisionnel", analyse et synthétise tout ça, et, suivant SA FEUILLE DE ROUTE (règne animal, embranchement des vertébrés, mammifère, bipède, primate, genre humain, gnagna...), y répond en REGULANT par d'autres signaux (eux aussi hormonaux) la sécrétion d'hormones (on n'en sort pas) par les différents organes de ton corps.

   Parce que, la grande question, que les philosophes se posent inutilement depuis toujours, et que les croyants neutralisent - sans y répondre, et sans se rendre compte qu'ils n'y répondent pas - en perpétuant POUR continuer à y croire, le mythe du souffle divin, c'est "comment l'unité vivante autonome et provisoire que je suis se meut-elle intérieurement et dans le "ça" qui l'environne" ?

    Pour réagir à quelque chose, quoi que ce soit en fonction de quoi elle doit s'adapter pour, très basiquement, continuer, cette unité doit disposer de moyens d'informer un dispositif coordinateur des conditions internes et externes, permettant de continuer à fonctionner (l'interne) dans le milieu (l'externe) dans les meilleures conditions. Connaissant la tendance à la matière, par définition partie prenante non spirituelle de l'unité, à s'unir ou se repousser selon des critères absolument pas humains sans tenir aucunement compte, conséquemment à ce qu'elle est, des contraintes nécessaires à la naissance et la survie de tout système biologique, l'espèce miraculeuse et miraculée (nan, c'est pas dégueulasse ce que je dis) que nous sommes doit disposer d'équipements particulièrement complexes, en ce sens qu'ils intègrent des éléments moins complexes (cellules), eux-mêmes pilotant des éléments encore moins complexes (acides aminés et autres morceaux de Lego), ces derniers combinant dans une structure moléculaire des atomes locaux inoccupés. L'un de ces systèmes est le système endocrinien, dont les dégâts sont beaucoup moins spectaculaires que ceux du système sanguin pour les abrutis sanguinaires qui peuplent la Terre, mais largement plus perturbateurs car ils touchent toutes les facettes de l'individu, jusqu'à l'être, bien au plus profond du "moi" qui mouline bizarrement genre girafe ailée essayant de se poser dans un lac de semoule.

   Pourtant, la hiérarchie est simple, monobranche et multirameaux, et s'articule sans que quiconque ait à s'en charger en suivant une notice à la IKEA.  

   De façon ininterrompue, l'hypothalamus analyse les informations qui lui sont transmises de partout, du dedans comme du dehors, et il balance ses ordres, du genre: "A tous les organes moteurs synchrones: augmenter la cadence... A tous les organes qui traitent des composés hydro-carbonés: ralentir de 20,5% la synthèse dans les zones à risque... A tous les fixateurs de dérivés du zinc: cessez le stockage... A tous les organes du secteur diplotarsique: éliminer les cellules dont le cytoplasme ne présente plus de récepteurs aux ions calcaires... A tous les organes de nettoyage: préparez-vous à traiter des volumes de déchets azotés inhabituels, l'autre malade est en train de s'empiffrer un couscous royal avec supplément de merguez, et comme dab il va se faire 10 pâtisseries orientales par là-dessus... A tous les organes traitant l'alcool éthylique: équipe de distillation en effectif maximal, il y aura deux bouteilles de Beni M'Tir à évacuer... A tous les organes de pressurisation digestive: expulser tout excés de gaz de fermentation dépassant de 2,1 kilos la pression recommandée par le fabricant... A tous les organes de pressurisation digestive, complément: le seuil est fixé à 1,5 kilo dès que le méthane devient majoritaire, sinon on va être emmerdé... A tous les organes d'équilibre: faites gaffe, il va sortir bourré... A tous les organes d'attention extérieure: passez en DEFCON 3, il a vingt minutes de voiture pour rentrer chez lui, et la dame qui l'accompagne est encore plus bourrée que lui... ".

   Les généraux décident, mais c'est pas eux qui se battent. Faut descendre les ordres à la troupe. Et le mouvement n'est possible qu'en se situant en permanence dans le décor. Faut entendre, voir, sentir, sinon le pied part au hasard, ce qui ne favorise pas la survie.

   Comment c'est organisé, ce souk ?

- L'hypothalamus fait la liaison entre le système nerveux (les nerfs, partout dans le corps, qui assure la perception, extérieure et intérieure au corps) et le système endocrinien (l'ensemble des "dispositifs" disséminés dans le corps, qui utilisent ou fabriquent un matériau, ou utilisent ou fournissent une énergie, spécifiques à une fonction ou à une activité) par le biais d'une glande endocrine située un peu plus bas dans la tête: l'hypophyse, elle-même reliée à la thyroïde, le dernier machin dans la chaîne, celui qui m'empêche de fermer mes cols de chemise. 

   Voici une explication plus académique de cette liaison et des processus conséquents: "Grâce à ses connexions avec l'hypophyse et à ce commandement en cascade, l'hypothalamus est responsable de plusieurs processus métaboliques et d'autres activités du système nerveux autonome. Il permet la synthèse et la sécrétion de neurohormones qui à leur tour, stimulent ou inhibent la sécrétion d'autres hormones, plus loin dans les systèmes de fonctionnement de l'organisme. Il intervient ainsi dans la régulation du système nerveux autonome, ainsi que dans le contrôle d'une large gamme de fonctions corporelles comportementales, incluant la reproduction, la thermorégulation, le contrôle du rythme circadien (24h) ou encore la faim. L'hypothalamus répond ainsi à divers facteurs externes et internes comme :

* La lumière: la durée du jour et la photopériode régulent les rythmes circadiens et saisonniers. [En d'autres termes, c'est l'hypothalamus qui "adapte" notre métabolisme au chaud de l'été et aux rigeurs de l'hiver.]

* Les stimuli olfactifs, notamment les phéromones. [En d'autres termes, c'est l'hypothalamus qui pilote les communions d'odeurs que nous éprouvons auprès d'un partenaire sexuel potentiel.]

* Les informations nerveuses provenant du cœur, de l'estomac et des organes reproducteurs. [Tout ce qui bouge et travaille sans arrêt dans ton organisme, que tu dormes ou que tu regardes du footre à la TV.]

* Les influx du système nerveux autonome. [C'est parce que l'hypothalamus a été informé qu'un moustique te piquait que tu vas taper sans regarder sur ta jambe.]

* Les paramètres du sang comme les taux de leptine, ghreline, angiotensine, insuline, des hormones pituitaires et des cytokines, ainsi que la glycémie et l'osmolarité, etc. . [Voir plus haut "A tous les organes...".]

* Les stéroïdes (corticostéroïdes), indicateurs du stress. [T'as pas idée de la quantité de petites bêbêtes hautement spécialisées qui circulent.]

* Les invasions microbiennes auxquelles il répond par une élévation de la température générale du corps. ["Allo, la Chaufferie ? Poussez les feux !"]

  C'est notamment grâce à la vasopressine, qui est libérée par l'hypothalamus, lui-même «alerté» par l'hypophyse quand l'intensité lumineuse baisse le soir - on se demande comment elle fait, dans le noir - que le corps se met à stocker l'eau (au lieu de remplir la vessie à partir des reins), de manière à conserver un niveau d'hydratation idéal du corps et de ses cellules durant le sommeil. Les gens ne buvant pas durant le sommeil, l'organisme doit minimiser les pertes d'eau et rester suffisamment hydraté. Quand l'eau commence à manquer, des neurones osmosensibles activent d'autres neurones qui libèrent davantage de vasopressine dans le sang. Ce système est en partie régulé par l'horloge biologique interne de l'organisme. 

 

   Tout ça pour dire que le corps humain est une gigantesque usine chimique, et pour que ça marche bien, à l'intérieur d'une part, avec l'extérieur d'autre part, il faut que le commandement soit bien informé (sinon il ne peut rien décider), qu'il soit sain (sinon il fait n'importe quoi), que ses ordres soient correctement transmis (sinon, ça marchera pas), que ces mêmes ordres soient correctement exécutés (sinon, ça marche pas non plus).

   Que se passe-t-il dans un Bazedow ?

- La maladie de Basedow est une maladie auto-immune (c'est à dire dirigée contre soi) qui touche la thyroïde. Le corps, sous l'effet du stress en ce qui me concerne, produit des anticorps anormaux (les TRAK) dirigés contre les cellules de la thyroïde. Mais plutôt que d'attaquer et détruire ces cellules thyroïdiennes, comme le ferait tout anticorps normal, ces TRAK se font passer pour de la TSH, l'hormone porteuse des ordres de fonctionnement général secrétée et envoyée par l'hypophyse vers la thyro, ils en reproduisent les effets à l'identique et stimulent continuellement cette pauv' pomme de thyroïde qui se met à produire des hormones (T3 et T4) à haut débit. 

   Comment se fait la régulation ?

- L'hypothalamus, qui détecte cette production trop importante de T3/T4 (j'avais 3 fois/2 fois et demie la dose maxi) ordonne à l'hypophyse, qui s'exécute, de cesser de produire de la TSH, ce qui apparaît clairement à l'analyse sanguine (taux de TSH non mesurable). Pour une thyroïde maîtrisée, obéissante, cet arrêt de TSH devrait suffire à arrêter cette production hormonale excédentaire. Mais "leurrée" par les TRAK (15 fois la dose maxi, t'arrêtes pas ça avec des Rayban !) qui lui font croire qu'il y a une super demande, ma thyro se met à tourner à 18000 tours pour fournir ce qu'elle croit lui être demandé. Et comme ça ne suffit pas, elle grossit, produit de plus en plus. Mais comme le dit Greenpeace ou n'importe quel enfant de 10 ans, quand tu utilises plus que tu ne disposes, tu t'achemines vers la pénurie, donc l'arrêt. Mais ça, l'hyppopotamus ne sait pas t'en avertir. 

   L'hyperthyroïdie en général, a fortiori bazedowienne exagérée, donne un cou gonflé, un goître ça s'appelle, comme en arborent quelques habitants perdus dans des montagne isolées et neigeuses, habitants dénommés "Crétins des Alpes", cette protubérance s'accompagnant généralement d'une déficience intellectuelle importante, et je sais de quoi je parle. Résultat probable d'une carence ancienne et prononcée en iode, probablement accentuée par une consanguinité due à un isolement séculaire, iode nécessaire à la thyroïde qui l'intègre au métabolisme, cette pathologie d'alpins crétins n'est pas une invention du Capitaine Haddock. Parmi ses diverses invectives chargées au whisky et à la colère, j'aurais préféré "Bachi-Bouzouk !" pour son exotisme mystérieux et sa musicalité animale, mais j'ai pas eu le choix, et finalement, faire le crétin, des Alpes ou d'ailleurs, reste à ma mesure.

 

 

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 02:11

Lire avant        MB: Médicalement Bas. (1er acte)

.                       MB: Métabolic Bomb. (2ème acte)

 

 

   Alors, plan de bataille, et choix des munitions. Ça va être du lourd. Deux angles d'attaque du problème: Le coeur, la thyro.

   Le coeur, faut réamorcer la pompe, parce que le robinet qui coule dans la baignoire, le coeur qui fibrille ça s'appelle, ça va pas du tout. Et en attendant que ça reparte - avec des cachets pour - le sang n'étant plus poussé dans les artères comme il devrait, il y a risque d'accident vasculaire-cérébral (AVC), et là si ça arrive, c'est fauteuil roulant et il te reste 3 mots de vocabulaire. Pour éviter l'AVC, d'autres cachets vont fluidifier le sang, qu'il n'y ait pas un p'tit ch'tot de caillot qui bloque un vaisseau dans le cerveau, c'est là qu'ils sont les plus fins. 

   Le sang, y'a plein de trucs dedans, dont la prothrombine, le truc qui fait que quand on se coupe, c'est détecté par l'organisme et y'a un programme qui est lancé pour fabriquer et envoyer des plaquettes qui vont arrêter l'hémorragie, et ça te fait une croûte qui sèche peinard. Le taux de ce machin dans le sang se compte sur une échelle, dite INR pour International Normalized Ratio, et quelqu'un de normal à un taux à 1. En prenant les médocs qui fluidifient le sang, le taux doit monter à 2 2,5. La fluidité est doublée, me dis-je, imaginant mon sang, avec tous les machins qu'il y a dedans, coulant deux fois plus facilement dans mes artères, mes veines, et surtout, mes vaisseaux du cerveau. 

   Le problème, c'est que c'est très difficile de déterminer - car c'est variable pour chaque individu - la bonne dose de médocs, qui permet d'atteindre et de rester à cette valeur recommandée. Plusieurs fois par semaine, c'est prise de sang juste pour ça, déterminer le taux de prothrombines, et faut essayer avec ça d'ajuster au mieux la quantité de médocs, mais quand tu prends des médicaments qui diffusent pendant plusieurs jours, t'as toujours un décalage dans l'organisme entre le moment où tu les prends et leurs pleins effets, la prise de sang est incontournablement déphasée d'un temps, et comme c'est à partir de la dernière prise de sang qu'on ajuste la quantité de médoc, l'INR oscille en dent de scie. Après des mois de réglage minutieux et merdiques, on ne désespère pas d'arriver avec plus ou moins de succès à le bloquer "flottant" entre 1,8 et 2,5.

   Et un vendredi matin, prise de sang en 5 minutes au labo, et je pars au boulot. Le résultat est généralement connu dans les 2 heures, et si je n'ai pas pu appeler avant 18 heures, je l'apprendrai au téléphone le lendemain matin et passerai le soir chez mon toubib pour une nouvelle ordonnance ou, à défaut, un nouveau dosage. Mais là, dès qu'ils ont les résultats, le labo prévient immédiatement mon cardiologue, dont la secrétaire essaie de me joindre toute la journée. Le labo aussi essaie de me joindre. Je l'ignore complètement, mais c'est un peu panique à bord. 

   A 19h00, la secrétaire du cardiologue m'accroche au bureau. "Ah, Monsieur Tissot, enfin ! Vous arrêtez IMMEDIATEMENT le traitement de Bidul-Chosium jusqu'à lundi, et vous refaites un prise de sang lundi matin, même sans ordonnance le labo est prévenu ! ". 

   Euh, oui, qu'est-ce qui se passe ? Quelque chose ne va pas ?... "Oui. Votre INR est à 10,75". 

   Oh, putain ! Au lieu de passer de 1 à 2... Ça veut dire que c'est plus du sang, c'est de la flotte. Là, tu te coupes, tu vides tes 5 litres par terre. Tu te cognes, tu te fais un bleu, tu vides aussi tes 5 litres, mais dedans.

   Je réponds à la secrétaire: "J'avais prévu d'affûter ma tronçonneuse et de ranger mes barbelés ce week-end, mais je vais faire autre chose...".

   Je ne suis pas sûr qu'elle ait saisi toute la dérision de ma réponse.

   Le soir même, je fonce chez mon toubib. J'avais prévu, parce que la veille au soir, je m'étais gratté comme un taré pendant deux heures sur le dessus des pieds, résistant à l'idée d'aller à la cuisine chercher une fourchette pour arracher la viande plus facilement. Comme une bête j'aurais fait n'importe quoi au monde pour faire cesser cette démangeaison infernale. Déjà que j'avais plus d'ongle à force de gratter, je te dis pas la peau, et la barbaque sanguinolente en dessous... C'est ça, une allergie médicamenteuse sous Bazedow. Moins gore que les zombies de Thriller, mais nettement plus trash que Koh-Lanta.

   Il est absent, c'est sa remplaçante, une jeune femme blonde au visage intelligent, qui capte vite la situation. Face à l'allergie, sachant combien certains excipients peuvent être mal tolérés, elle me prescrit d'autres médicaments pour le côté coeur. Le côté thyro, on ne peut pas, il n'y en a pas d'autres, et leurs excipients sont généralement peu allergéniques. Mais pour mon INR qui trampoline dans la stratosphère, elle ne peut pas grand-chose d'autre que me conseiller, avec conviction, s'assurant que j'ai bien compris le danger qui me guette au moindre faux pas, à la moindre erreur d'appréciation, au moindre geste manqué.

   "Si vous sentez que quelque chose ne va pas, si vous vous coupez en vous rasant, si vous saignez en vous lavant les dents, si vous éternuez rouge, si du sang apparaît au bord de vos paupières, ou quoi que ce soit dans le genre, vous prenez votre dossier médical et vous allez à l'hôpital immédiatement, ils sauront quoi faire". 

   Je me doute que le corps médical est la ressource ultime en cas de fuite sanguine. A la première trace de sang, au premier choc, c'est l'hémorragie façon Titanic. Les mecs, à l'hosto, quand ils te récupèrent en situation d'hémophilie outrancière, ils te mettent sous perf, en circuit fermé je présume, vu que ce qu'ils t'injectent d'un côté se barre de l'autre côté, et surtout ils te shootent à la vitamine K pour faire remonter ta prothrombine le plus vite possible, et si tu te fais un AVC, pour emmerder le monde, t'as toutes les chances de t'en tirer honorablement. 

   J'ai pas eu besoin de foncer à l'hosto, mais s'il y a un truc que j'ai surveillé pendant 3 ans, c'était ce putain d'INR, être sûr qu'il stationnait entre 2 et 3 et pas plus, bordel ! Y'a pas bien droit à l'erreur sur ce coup-là. Le régime alimentaire à suivre, qui te vire les légumes et autres douceurs pleines de vitamines K à ne pas manger pour ne pas contrecarrer l'effet des médocs, tu le suis en fermant ta gueule. T'as toujours ta petite liste dans la poche, jusqu'à ce que tu la connaisses par coeur. "Ça, faut pas, ça, non plus, fait chier, j'aime bien le choux, le gratiné par dessus...". Là, tu joues pas au con, tu bouffes ce à quoi tu as droit, et tu regardes les copains déguster les trucs que t'aimes en essayant de profiter des effluves. 

   Donc quelques années comme ça, avec des scanners de la thyro, des scope-bidules, l'endocrinologue, le météorologue, le chef de gare, et finalement, un jour, t'es couché, et d'un seul coup t'entends ton sang qui cogne à tes oreilles. Ta-toum ! Ta-toum !

   Whoaaaaaa ! Ça remarche ! Hare Krishna ! La pompe est repartie. Le pied !

   Le coeur ! J'ai droit à un Holter scotché sur la viande - un machin qui enregistre ton coeur 24 heures d'affilée - le cardiologue qui analyse le résultat, et confirme que de ce côté-là, tout va bien, il a fini son job.

   En lui serrant la main, avec une gratitude sincère, je lui ai dit que, malgré toute la sympathie qu'il m'inspirait, j'espérais ne plus le revoir. Il a compris.

 

   Pendant ces années de "mise hors d'eau", de retour en cale sèche pour restauration générale, j'ai eu le temps d'apprécier quelques beaux moments marquants, et de retrouver dans ma mémoire d'amnésique chahutée par le déséquilibre hormonal des traces du Bazedow lorsqu'il s'installait doucement, à coups de petites vagues innocentes.

   Echantillon: en 2004, j'attrape une saloperie expéctorante et râcleuse à mi-chemin entre le rhume carabiné et la trachéite pulmonaro-compressée. Mon toubib me prescrit un sirop d'enfer, dont je suis la posologie avec soin, surtout que c'est marqué, à l'usage des "Conducteurs d'engins", que ce produit est susceptible de provoquer un "Risque d'endormissement".

   Je peux te dire que ça marche aussi chez les autres. 

   Je fais bien gaffe à suivre la dose prescrite, à n'avaler ce truc que le soir, pour le laisser tranquillement s'infiltrer où que c'est prévu dans mes tuyaux pendant mon court sommeil.

   Un matin, je reste vaseux à mort, mais déjà pris dans la spirale, je ne m'en rends pas vraiment compte. Et sur l'A86 que j'emprunte au carrefour Pompadour pour gagner l'A6, en plein bordel du matin, c'est à dire qu'on avance dix mètres, on s'arrête une minute, on avance vingt mètres, on s'arrête une minute, un coup de première pas plus, on s'arrête une minute, je sens que je pique du nez sur mon volant.

   En 30 ans de permis et des centaines de milliers de kilomètres sur des chièes de routes dans des chiées de bagnoles, ça m'est déjà arrivé d'être fatigué en conduisant, j'ai toujours géré le truc avec lucidité et prudence. Plusieurs fois, j'ai jugé qu'il fallait m'arrêter et dormir, et tout s'est toujours bien passé. Aussi ne vois-je pas que, subissant très probablement quelque effet résiduel de mon sirop qui doit jouer au petit chimiste déconneur avec mes hormones déséquilibrées, je m'enfonce dans une espèce d'édregoudron siesteux. Je ne pense pas à ouvrir la fenêtre - me disant peut-être, sans me l'énoncer qu'il fait trop froid pour ma gorge - ni, beaucoup plus con, à monter le son de la radio au-delà du volume normalement satisfaisant. Et après les 2 tunnels de Thiais, où l'obscurité à certainement augmenté le "risque", voire favorisé mon "endormissement", je démarre pour la deux centièmes fois en deux kilomètres ma petite tranche de dix mètres et la finis dans un fracas qui me réveille en sursaut: je me suis arrêté dans la camionnette que je ventousais depuis vingt minutes. Première fois de ma vie que je m'endors au volant. Ça m'a foutu les jetons et les boules plus que l'accident lui-même, qui à cette vitesse-là s'est limité à un peu de tôle et des portes bloquées pour ma victime. 

   Ça s'appelle un dommage colatéral. D'un conflit interne. Celui entre les  TRAK qui encerclaient et commençaient à saturer ma thyroïde, et mon pauvre hyppopotamus, qui avait fait stopper toute fabrication de TSH par mon hypophyse et ne comprenait certainement pas pour quelle raison le délire physiologique qui s'était installé comme un squatter continuait malgré ses ordres. Sans recul, sans appréciation de l'en-soi comme dirait Sartre, il est incapable, dans ce combat contre cette cinquième colonne, d'élaborer une stratégie qui l'emporte. Comme quoi, c'est pas le tout d'être bien informé, pour commander efficacement, il faut aussi être capable de réfléchir. Mais je ne lui en veux pas si l'intellect n'est pas dans ses compétences, je trouve qu'il fait plutôt bien son boulot de pilotage général du métabolisme, surtout maintenant que je sais le bordel que c'est, là-dedans...

   Quand la toubib m'a detecté ce Bazebow bien ancré, j'avais déjà les yeux qui me sortaient des orbites (exophtalmie, ça s'appelle, genre vierge anale qui découvre par surprise sans échauffement préalable), je pesais 67 kilos, en perte de poids permanente et régulière qui ne se serait pas arrêtée toute seule. Un an après le début du triple traitement - sang, coeur, thyro - j'étais allègrement arrivé à 90 kilos (alors qu'au plus lourd de ma vie, j'ai atteint par une alimentation certainement merdique un 80 kilos dodu assez inésthétique), et pas vraiment du lard comme une goinfreuse boudinée qui n'évacue pas sa flotte et sa graisse. Que de la viande, visiblement fonctionnelle, avec juste ce qu'il faut autour pour ne pas avoir froid à Noël. C'est quand même plus sympa, comme poids, et surtout plus adapté à mon organisme de bipède darwinien de 1,78 mètres qui bouffait 4000 calories par jour et en dépensait 5000, que traverser un hiver interminable en brûlant les meubles dans la maison pas isolée sans se rendre compte qu'après les dernières portes de placard et l'ultime tabouret, il ne restera plus que le froid définitif pour recouvrir ton corps affaibli d'un linceul de maigreur.

   Depuis, je me maintiens vers ces altitudes, et je sens mon corps dans sa masse, en profondeur, à l'opposé de la grande époque bazedowienne d'insensibilité générale et d'indifférence permanente. Le seul problème, à part les chemises qui ferment plus, c'est les pantalons, qui ferment plus non plus. Y'a fallu changer de tailles. Au pluriel "tailles", parce que j'en ai sauté trois d'un coup, passant d'un 42 osseux à un 48 qui fait pas le malin quand je sors de table. 

   J'ai sauvé les chaussettes et les pompes. Y'a fallu changer les slibards, qui devenaient vachement sexy, perdus sous des courbes ingresques, les futes, j'ai gardé les chemises - j'aimais bien les cravates, l'hiver, ça me tient chaud au cou - et les T-shirts décorés de nounours qui, avec un mimétisme de peluches, moulent mon ventre nounourssien.

   Grmpf !

 

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 21:37

Lire avant            MB: Médicalement Bas. (1er acte)

 

 

 

   "Examens complémentaires", ça commence avec une prise de sang. Quand tu vois le nombre de trucs écrits sur l'ordonnance, y'a tout: l'eau, l'huile-moteur, l'huile de boîte, l'huile de salade, le liquide de frein, le liquide de refroidissement, lave-glace, essence, gaz-oil, azote liquide, Canard WC, la totale. La laborantine me pompe une chiée de petits flacons avec des couvercles de toutes les couleurs. Et je regarde mon sang en me demandant comment on peut savoir quel tuyau déconne en analysant la flotte qui coule dedans.

   Résultat en 48 heures: j'imprime tout et je déchiffre. J'y connais pas grand-chose mais je comprends l'essentiel: ça déconne de partout. Putain, c'est pas la joie. Passera pas le contrôle technique dans cet état-là.

     Dans une analyse de sang, y'a un truc, ça s'appelle la valeur de référence, la VR. Pour tous les machins que t'as dans le sang, y'a des fourchettes. Tel truc, la VR est entre 4 et 5, l'unité on s'en fout un peu, l'important c'est d'être entre les limites. Et quand ça part trop vers une des limites, c'est caractéristique d'un dysfonctionnement qu'il va falloir arranger par des médocs, un régime, des prières. 

   Moi, y'a les globules machins, les globules trucs, les hématobidules, qui sont pas franchement alignés sur le méridien, mais c'est du côté des hormones que je dépasse la vitesse autorisée. Et ça donne ça: 

# Hormone T4Libre, VR de 5,9 à 11,70. Je suis à 30,85. 3 fois la dose maxi.

# Hormone T3Libre, VR de 2,6 à 5,4. Je carbure à 12,62. 2 fois et demie la dose maxi.

# Ensuite, la TSH (Thyro-Stimuline Hormon), vachement importante j'apprendrai plus tard, VR de 0,25 à 5. Mon niveau est "inférieur" à 0,01. Tombé tellement bas que c'est même plus mesurable.

# Enfin, des trucs, qui s'appellent les TRAK, que j'ai à ce moment-là aucune idée de ce que c'est, sont normalement compris entre 1 et 2, j'explose le compteur à plus de 35. On se refuse rien: 15 fois la dose max. 

   Sûr qu'il y a quelque chose qui déconne fâcheusement dans mon petit métabolisme de bipède en déroute.

   Bon, je reviens voir mon vétérinaire avec mes exams et le compte-rendu du cardio que je comprends que dalle, à part que c'est écrit en français, je reconnais des articles, des prépositions, quelques verbes utilisés en auxiliaire, mais 80% c'est du vocabulaire technique, si t'es pas du métier, c'est la brasse complètement coulée...

   Et là, mon toubib repioche un peu dans un des beaux bouquins médicaux à l'abri dans sa belle bibliothèque de bois, qui n'attendent qu'un cas à la con dans mon genre pour apporter quelque lumière complémentaire au praticien dont ce n'est pas le quotidien. Après avoir paluché à plusieurs endroits (je dois vraiment traîner un truc chiant, qu'on a rangé dans plusieurs catégories, du caca nerveux à la peste chronique martienne de Bradbury) il entreprend de m'expliquer le dysfonctionnement. 

   Lui, il est toubib, il nage dans son aquarium, moi, je comprends pas vraiment comment ça marche, ou plutôt comment ça marche plus, tout ce que je retiens, c'est: la thyroïde déconne, au lieu de tourner à 2000 tours, pépère, c'est 18000 tours 24h/24, et c'est pas prévu pour ça. Ça s'appelle une hyperthyroïdie. T'es vachement heureux d'enrichir ton vocabulaire à l'occasion d'une chierie de problème de santé.

 

   Je reprends mon bâton de pélerin malade qui se fait les grottes miraculeuses. Cabinet de radiologie: échographie de la thyroïde, voir s'il y a des machins dedans, granule, nodule, plus cancéreux tumeur ! putain, j'aime pas ce mot-là ! Tu sors de là en apprenant qu'une thyroïde, ça fait normalement 1,5 cm au carré, la mienne fait 6 sur 6, je suis bien content, j'ai le cou un peu gonflé, j'avais vaguement remarqué que j'ai plus une seule chemise qui ferme, j'ai essayé la taille au-dessus, ça ferme, mais les manches sont trop longues de 20 centimètres, on dirait un manchot sur la banquise, laisse tomber.

   Visite chez l'endocrinologue, qui met un nom sur tout ça : Maladie de Bazedow, nom, on s'en doute, du type qui l'a caractérisée le premier. J'aurais préféré Clair de Lune sur le Bosphore ou Langueur océane de Guerlain. Ce sera plus sobre. Il s'agit d'une hypertrophie de la thyroïde, d'une forme joyeusement carabinée.

   Alors, la thyro qui déconne, ça fait quoi ? Ça déglingue tout.

   C'est pour ça que je me baladais en chemise par 10°, petit vent frais limite glacé, et je ruisselais comme un nageur qu'on n'attend plus, le dos trempé de la nuque aux reins, alors que les copains en manteau se pelaient le cul. Ils me regardaient un peu bizarrement, "Ça va, Tissot? T'es sûr ?  

 - Ouais ! Ouais !"

   Parce qu'en plus, tu te rends compte de rien. Tout baigne, les mecs !

   Tu parles ! Tu brûles ta viande, ta masse musculaire, pour fabriquer de l'énergie, parce que tu chauffes comme un taré, mais y'a pas d'isolation du tout, y'a pas de toit, tout ce que tu brûles part dehors. C'est pas économique du tout !

   Renseignements pris sur Internet, tout ça est bien connu.

   Parmi la quantité de signes caractéristiques, nommés ici entre parenthèses, j'ai retenu uniquement ceux que j'ai constatés in vivo:

# une perte de poids régulière et constante malgré un appétit conservé ou accru (polyphagie), accompagnée de crises apétives bizarres, désordonnées, incompréhensibles, et, bien sûr, insatisfaisantes. Bouffer un kilo de hachis parmentier d'un coup, s'arrêter UNIQUEMENT parce que la barquette ne fait qu'un kilo, puis un kilo de fromage, un kilo de raisin, sans faim véritable, sans, disons le mot, appétit... Machine à manger. Broyer, digérer. C'est tout. 

# une diminution de la force musculaire (myopathie endocrinienne) avec diminution de la taille des muscles (atrophie musculaire). Tu parles ! Tu tournes squelette. Je sentais mon humérus en appuyant mon index sur mon biceps... 

# la dégradation des graisses et des chairs pour avoir de l'énergie (catabolisme)

# une chaleur ressentie comme insupportable (thermophobie)

# une soif excessive (polydipsie). Jusqu'à 6, 7 litres par jour sans problème. Juste comme ça, à la bouteille, en dehors des repas. Pour un mec qui bouge pas beaucoup, se déplace en voiture, travaille dans un bureau climatisé, c'est peut-être étonnant. Ben non.

# une fréquence cardiaque élevée (tachycardie), un pouls irrégulier pouvant correspondre à une fibrillation auriculaire. Le robinet grand ouvert dans la baignoire. Le coeur ne bat plus, il vibre. Le sang n'est plus pompé dans les artères, j'imagine qu'il y circule par capillarité, comme dans les vaisseaux.

# un essoufflement (dyspnée). 

# tremblements fins des extrémités, conséquence de l'excès de circulation sanguine rapide du sang (tremblement qui n'est pas d'origine neurologique)

# la maladie peut comporter une forme de dépression ou irritabilité

# Dans les formes graves, l'hyperthyroïdie peut entraîner... ( ) des troubles du comportement pouvant ressembler à une psychose.

# Peau luisante, chaude et humide

# démangeaison isolée

   Bien évidemment, certains symptômes sont beaucoup plus prononcés que d'autres, selon l'état où on se trouve, et surtout, chose qui n'est pas mentionnée dans cette énumération, la conjugaison simultanée de toutes ces "perturbations" te vraque complètement le physio, mais aussi le psycho, le mental, et le comportemental.  

   Tu vis n'importe comment. C'est à dire sans réflexion, sans ressenti, sans émotion, sans... raison. T'es dans rien sans le savoir. Tu n'as plus rien par quoi apprécier, situer, mesurer, ce qui te constitue dans ta relation au monde. Une sorte de martien qui n'est pas au courant. Etrange, déroutant, vu avec du recul, mais à l'époque habituel, permanent, une sorte de vécu inerte.

   Ma vie professionnelle se poursuit sans vague, ma vie sentimentale a implosé quelques temps auparavant, la douce qui partageait mon espace sentant que la route où j'étais engagé s'éloignait du soleil. Et le reste, intérêt, pratique musicale, sourire et bien-être, sont dans une lointaine galaxie d'ignorance.

 

   Mon toubib, ce qui l'intéresse, c'est de me soigner. Dans cette pathologie, il y a plusieurs approches. Ou on enlève complètement la thyro - ce qui serait justifiée à mes yeux si elle était en mauvais état - et on compense le manque hormonal par des médocs adaptés jusqu'à la fin de sa vie, ça le fait très bien, des tas de gens connaissent ça. Ou on tente de réguler l'activité de la thyroïde, la ramener à un fonctionnement plus raisonnable, comme indiqué dans le mode d'emploi du fabricant. Mais il n'y a aucune garantie que ça marche comme on l'espère, et la seule chose sûre est que ça va prendre longtemps. Plusieurs années. Voire plus. Eventuellement davantage.

   Statistiquement, j'ai encore une trentequarantaine d'années à me traîner sur cette planète de demeurés, et même si c'est pas férocement drôle tous les jours, je n'ai pas de raison de ne pas les vivre, vu qu'il n'y aura pas de deuxième voyage. C'est un one way ticket.

   Je choisis la deuxième option: régulation. Et advienne que pourra.

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 22:08

   On est en octobre 2005. La vie va comme ça. Plutôt cahin-caca. Je bosse, je vis seul, sans bien me poser de question sur rien. Le quotidien en roue libre. Aussi passionné et enthousiaste qu'un légume dans son cageot. Malgré une vitalité physiologique exhubérante que je constate mais ne ressens pas, que je mets après une analyse symbolique tellement elle est succinte, sur le compte de l'âge, de mon année en Oural, et d'autres vagues explications dont je me contente malgré leur irrationnalité. Si quelque chose est inhabituel dans mon quotidien, c'est que chaque jour est différent de la veille, et demain est un autre jour... Plus navrant d'insignifiance, tu meurs. 

   Visite médicale à la Médecine du Travail. Bon, t'es là, en calcifouette sur ta chaise, à discuter avec la toubib assise de l'autre côté du bureau, qui remplit son dossier avec ton passé, essayer de voir quelles sont tes chances et conditions de vie à venir. C'est pas la première fois qu'on se rencontre, mon dossier est entre ses mains depuis des années. Pour l'heure, elle y note consciencieusement mes réponses à ses questions. Visite de routine.

   A sa demande, je vais m'allonger sur le lit d'auscultation. Elle arrive, s'enfile son stéthoscope dans les oreilles, commence en posant son machin métallique sur mes abdomi... bon, sur mon ventre. Elle remonte vers le coeur, et d'un seul coup, elle se met à hurler !

   Je suis surpris. Ô putain, qu'est-ce qu'il se passe ? Elle a filé son collant contre le marchepied métallique, ou c'est pour moi ?

   Elle part à son bureau.

   Je suis un peu crispé, je n'ose pas trop regarder ce qu'elle fait... 

   Elle revient, repose son stétoscope au même endroit, recommence à hurler.

   Là, je me dis: "C'est pour ma gueule !". Je suis tétanisé.

   Elle retourne à son bureau, m'abandonne sur ma litière de lépreux agonisant. Je n'ose pas bouger d'un centimètre, je me dis qu'il y a un morceau qui va tomber sur la moquette, ou dedans... Pas bien, le mec ! Si t'as jamais eu les jetons dans ta vie, là je te garantis, tu t'interroges GRAAAAVE !

   Elle est train d'écrire, elle me dit d'un ton de commandement: "Vous allez voir votre médecin traitant le plus rapidement possible, je vous prépare un mot, vous verrez avec lui !".

   Pour diverses raisons, dont la première est que ma mère était infirmière, hautement compétente, autant en soins qu'en anamnèse (l'historique de tes antécédents médicaux et l'analyse des symptômes révélateurs de ta pathologie, si tu préfères), qu'elle nous a toujours conservés en bon état, mes frères et moi, toute notre vie mouvementée et accidentée, fondamentalement masculine, qu'elle a toujours été un réprésentant exemplaire de ce qu'est un disciple d'Hyppocrate, pour plein de raisons totalement justifiées, j'ai toujours fait preuve de confiance à l'égard du corps médical. Et dans les pires cas de ma vie d'occidental socialo-sécurisé, bénéficiant de ce qui se fait de plus à jour en terme de soins et d'assistance, cet art qu'est la médecine m'a toujours inspiré respect, admiration, et assurance. 

   Comme pour tout dans la vie, je commence par croire ce qu'on me dit, et je vérifie à la première occasion que c'est intelligent ou pas. Aussi l'avertissement implicite de quelque perturbation en cours, niveau 8 sur l'échelle de Richter de ma santé, que la toubib énonce d'un ton péremptoire, après ses cris tandis qu'elle était penchée sur moi, genre Madonne de l'école italienne, est révélateur d'une catastrophe aussi imminente qu'invisible.

   Faut que j'amène un mot à mon toubib. A l'instit, à mon employeur, j'ai déjà vécu, mais à mon médecin, je l'avais jamais faite, celle-là. Quelque part, tu te sens dépossédé de ta vie. Tu n'es pas informé de ce qui motive ce processus imposé, ta vie se trouve passagèrement comme mise entre parenthèses, couchée là sur le papier par quelqu'un d'autre que toi qui va en échanger sa connaissance avec quelqu'un d'autre que toi. T'es le premier concerné, mais le dernier au courant.

   Alors les cris, le mot, tu ne sais pas ce que t'as, mais visiblement c'est "ein gross problem". Tu te demandes déjà: "Dans l'état où je suis, est-ce que je vais arriver jusqu'à là-bas ?". Un peu flippant comme sensation... 

   N'étant pas d'un naturel agressif, présentement un peu assomé par la scène de l'exam, je ne pose pas de question, je gagne le vestiaire en me disant qu'il vaut mieux ne pas loquer la porte, des fois que je m'étalerais comme une vieille merde sur la moquette en essayant de remettre mes chaussettes.

   Je me sape de façon mécanique, prends mon sac, et en avant l'aventure ! Va falloir essayer de survivre encore une heure et quelques précieuses minutes, le temps de me traîner jusque chez mon vétérinaire.  

   Je prends l'ascenseur, arrive sur le trottoir de cette rue du Louvre où le soleil de l'après-midi éclaire avec une majesté toute haussmanienne la vie mouvante qui marche et qui roule. Ces chers piétons, insouciants de la fragilité de la vie, et ces enfoirés d'automobilistes pour qui tu n'existes que comme une emmerde potentielle. C'est juste pour ça qu'ils t'évitent... 

   Bon, pas vraiment le choix, je m'exhorte dans un calme prudent: "On va y aller doucement, si je pars en couille sur le trottoir, y'a bien une balayeuse ou une moto-crotte qui me ramassera". Le moral dégringole à toute blinde vers le zéro absolu. 

   Tu n'ajoutes aucun risque, aussi minîme soit-il, aucune ébauche d'un début de truc potentiellement casse-gueule, aux grands dangers que présente le monde urbain présent. Il faut trouver du courage, oser, se lancer, mais ça n'ira pas jusqu'à la témérité. Là, pour sauver sa peau encore un peu, il vaut mieux jouer l'économie énergétique. Pas question de traverser la rue, même complètement déserte, au vert. Trop d'incertitude. Tu te dis: "Ça va pas le faire avec le gros camion là-bas. Il est encore loin, mais si je m'écroule après quelques mètres et que j'ai pas la force d'atteindre le caniveau, je vais finir en escalope... En rampant, peut-être, mais c'est pas facile de se tirer avec la langue collée au macadam...".

   Finalement, tu prends pas le risque d'un dernier malaise dans une aussi longue traversée, qui te terrasserait au milieu de la chaussée, t'attends sagement que le feu passe au rouge. Tu regardes autour de toi, voir si quelqu'un pourrait éventuellement interrompre la circulation si tu trébuches et tombes, essayer de préjuger s'il pourrait te traîner jusqu'à l'autre côté où tu fermeras les yeux pour toujours.

   Je passe devant St-Eustache. D'habitude, je monte les marches d'un pas guilleret, entre au frais dans le plaisir de la pierre et de l'ombre séculaires, et gagne le côté où est rangée la console mobile de l'orgue, sous son aquarium en verre, et je rêve en contemplant ses cinq claviers, les tirettes des registres de chaque côté, dont j'arrive pour beaucoup à lire les noms écrits tout petit, les pédales, les tirasses. J'essaie d'imaginer le temps qu'il faut pour maîtriser un tel fantastique engin. 

   Pas cette fois.

   Descente au métro. Sur le quai, tu restes à quatre mètres du bord, des fois que tu t'évanouirais et que tu roulerais un peu jusqu'à tomber sur la voie. Dans le wagon, tu t'assois, et t'essaies de sentir si quelque chose se déglingue définitivement. Dans toi, pas dans le métro. Lui, il peut tomber en couille, je m'en fous. Quoique, aujourd'hui, j'aimerais mieux qu'il marche bien, sans perdre ses roues ou sortir de ses rails.

   T'as dans la tête un énorme point d'interrogation, format sapin de Noël devant le Rockfeller Center. Le truc que tu vois pas le haut quand t'es au pied, faut vachement reculer pour le découvrir en entier. QU'EST-CE QUE J'AI ?

   Je survis à mon voyage. Ensuite, la voiture, parce que j'habite au-delà du métro. Là, c'est moi qui vais devoir conduire. Comment ça va se passer, et, surtout, si je clabote au volant à 50 à l'heure, comment ça va se finir ?

   Quand faut y aller... Tu mets consciencieusement ta ceinture, tu vérifies bien le machin dans le truc, tu tires un peu dessus, vaut mieux être sûr que ça tient, cette saloperie, parce que j'ai jamais eu l'occasion de vérifier, ni l'air-bag, et maintenant j'ai pas envie... Et putain ! t'y vas léger. C'est pas Sébastien Loeb. Plutôt ballerine. T'appuies du bout du chausson. Surtout l'accélérateur... la troisième pédale en partant de la gauche - j'explique pour les blondes - c'est pas la peine de rouspéter, il y en a à qui ça va rendre service, de les repérer comme ça.

   C'est pas le Raid Gauloises. Nettement plus soft. Ça se passe bien, et j'arrive à me garer pas trop loin de mon véto, sans tuer personne ni enfoncer les autres bagnoles à l'arrêt.

   Quelques dizaines de mètres, et, Hallelouya ! je sonne chez lui, et Magnificat ! il répond à l'interphone. Je suis provisoirement en voie de sauvegarde.

   Je me souviens que dans la salle d'attente, bondée, je regardais la gueule de mes voisins. Est-ce que quelque chose se voit sur la mienne ? Quand le toubib va se pointer, ils vont tous me dire "Allez-y, ça a l'air urgent !"... Non. Mais au bout de 2 plombes à glander, j'étais vachement content de pas être mort.

   Je suis passé dans son cabinet. Je lui ai expliqué que la toubib qui venait de m'examiner m'avait donné un mot pour lui, et qu'elle avait eu une réaction un peu... vive ! en prenant mon pouls.

- Bon, on va voir ça.

   Je repasse sur le lit. Il se branche son stétho dans les esgourdes, pose l'autre morceau sur ma baignoire.

- Effectivement, c'est pas ce qu'on devrait avoir. Il va falloir quelques examens supplémentaires...

  Là, tu souffles un peu, tu te dis : "Il panique pas, c'est que ça va quand même un peu...".

- Je vais appeler mon collègue, le docteur Schmoldu, cardiologue, qu'il vous prenne rapidement. Son cabinet est en bas de la rue, la maison arrondie qui fait l'angle, vous voyez ?

   Il prend son téléphone. Normalement, il faut des semaines pour avoir un RV chez un cardio. Là, ça prend une minute.   

   C'est gentil de pas m'envoyer trop loin. Deux cents mètres. Y'a pas une antenne du SAMU ou une caserne de pompier sur le trajet ?

   Bon, je vais chez le cardio, sans courir, le moral un peu dans les chaussettes, avec une phénoménale question dans la tête: "Qu'est-ce qui se passe, bordel ?"

   Le cardiologue est un quadra sportif et souriant. Il a une pièce dédiée aux examens lourds: "Installez-vous !". On fait classique. Moi, en calbut, allongé sur le dos sur le lit d'exam, lui assis juste à côté, dans un fauteuil couplé à une sorte de meuble de science-fiction, avec des écrans, des boutons et des cadrans partout. Le truc pointu, genre tableau de bord d'Airbus.

   Il me pose la tête de l'échographe sur la poitrine, balaie quelques centimètres pour trouver le meilleur angle.

- Respirez profondément... Inspirez... 

   J'inspire.

- Expirez... 

   Euh... c'est une demande, un ordre, ou une constatation ?... 

   Et, grande avancée technologique: dans la tête de l'échographe, qu'il me balade sur le coeur, il y a un micro. J'en étais resté à l'échographie de mes enfants, presque à l'époque Méliés. C'était en noir et blanc et le son était cracra.

   Normalement, un coeur qui bat, ça cogne en 2 coups: Ta-Doum ! Ta-Doum !

   Là, le cardiologue bascule le micro de l'échographe sur la sono de la pièce, genre home-cinéma, et au lieu de ce double battement, j'entends un robinet de baignoire ouvert en grand. Pschhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh... 

   Dernière tentative intellectuelle d'auto-protection: je me dis "Il est pété, son merdier !... Il est coincé entre 2 stations FM...".

   Et lui, il continue à manoeuvrer son pupitre de l'autre main, l'air plutôt satisfait du gars qui s'est pas dérangé pour rien.

   Alors, d'une voix déjà effrayée, j'ai posé LA question: 

- C'est mon coeur, ça ?

- Oui, M'sieur ! 

   Il continue de pianoter son vaisseau spatial, en chantonnant vaguement quelque ritournelle qui lui passe en tête, "Lalala...".

   A ce moment, j'ai commencé à comprendre pourquoi elle avait hurlé, la 1ère toubib, et pourquoi le mien voulait des examens rapides. J'ai la réponse à ma question, je sais ce que j'ai: un gros problème de plomberie circulatoire.

   Mais ce que j'apprendrai très vite, c'est qu'il n'est qu'une des conséquences d'un beaucoup plus gros problème général.

 

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 19:57

     Etant possesseur d'un téléphone portable qui ne permet quasiment que de téléphoner et de textoïter, je veux dire par là qu'il ne prend pas de photo, ne filme pas, n'a aucune connexion dont sont équipées aujourd'hui les dernières brosses à dent et les balais à chiotte, il ne coupe pas le jambon, ne tond pas la pelouse, ne donne pas la tension artérielle, les taux de glycémie et d'alcoolémie de celui qui cause, bref c'est qu'un téléphone portable, modèle manivelle sur le côté, qu'il faut tourner 3 fois pour avoir l'opératrice, simple utilisateur, disais-je, d'un simple équipement moderne, je me suis trouvé plusieurs fois en situation de vouloir capter de façon mémorielle un événement particulier, voire un simple objet qui me tombait sous les yeux, et ja fini par me dire qu'il aurait été pratique d'avoir sous la main un de ces zoulis téléphones modernes qui fait télévision, appareil photo, microphone-enregistreur, journal-magazine, juke-box, GPS, boîte à jeux avec table de marque, guide de dépannage ou d'utilisation de n'importe quel produit industriel commercialisé depuis 300 ans, aide au transport, à la santé, à l'accès à l'administration, à la police, au spectacle, à l'actualité, à l'astronomie en directe et à l'infini de l'espace. Bref, le couteau suisse de la communication du moi vers le ça. Le premier moyen de se développer : voir et comprendre son environnement, qui s'étend de plus en plus, pour, peu à peu, s'y intégrer.

      De passage accidentel à la FNAC, j'ai donc acheté un appareil numérique moderne.

     J'ai pris le modèle le moins cher, même pas monté sur un présentoir avec un antivol de ouf, seule son étiquette était affichée, les boîtes étant posées en vrac sur l'étagère du bas. Plus basique, tu meurs. Deux fois plus petit qu'un paquet de Marlboro.

     Oh putain !

    J'en étais resté à la génération pelloche 125 ASA pour les diapos et les papiers NB et Couleurs, et au 400 ASA pour les cas particuliers, because le grain mahousse visible sur les tirages grand format. La rétinette de ma mère, que j'avais emportée aux USA en 69 et avec laquelle j'avais fait des photos d'enfer, voire le Dreppy à soufflet des années 30 qui faisait du 4,5x6 ou du 6x9 avec un cache, donc dont la taille du négatif permettait des tirages de qualité même dans les très grand format. Instamatic Micro qu'on glisse dans la poche, appareil-jetable, bref la vieille école, la vieille techno, comme l'était l'art flamand, italo-espagnol comme dit Brel, avant l'impressionnisme. On ne réglait que 3 choses: la distance, l'ouverture, la vitesse. Le résultat dépendait en grande partie d'une savante proportion de ces 3 valeurs que, seul à apprécier, j'étais seul à définir.

      La technique est passée par là.

  Petit passage par le mode d'emploi, qui explique tout: température de chauffe du turboréacteur, enclenchement de la post-combustion, clim, réglage du siège-couchette, du radar infra-rouge, spectomètre de masse, décapsuleur à induction, téléportation.

     Ze Revolution.

    Y'a des voyants, des icones, des machins, qui s'allument, s'affichent, machinent, autour et dans l'écran de visualisation - parce que maintenant on ne regarde plus dans un viseur en clignant l'autre oeil la joue gonflée remontée, on regarde la téloche entre ses mains - ces signaux en surimpression sur l'écran, comme sur la visière d'un casque de pilote de chasse, étant destinés à m'informer de la situation extérieure (le sujet, la lumière, le temps de cuisson, la météo locale, la main de ma soeur...) et à m'en proposer la maîtrise extérieure: je veux plus ou moins net, centré, éclairé, coloré, ombragé, illuminé, vidangé, lavé, repassé, rangé.

     La doc que je lis sur papier est aussi disponible sur CD, et AUSSI DANS LE MACHIN, j'ai pas cherché où, probablement dans la bibliothèque ou sur la table de la salle d'attente.

     Extraits : un icône de détection de mouvement, un de détection d'animal domestique (doit y avoir un organe de Jacobson sur le nez de l'objectif).

     "L'appareil photo peut détecter jusqu'à cinq museaux d'animaux à la fois.". Ça rigole pas.

     Je ne sais pas s'il peut identifier les espèces sauvages des autres, s'il saura faire la différence entre un gros chien et une petite hyène, s'il saura repérer un vrai grizzly dissimulé dans un tas d'ours en peluche. A vérifier avant de faire du camping sauvage en Namibie ou dans le Montana. Question de vie ou de mort.

      Aussi un détecteur de maquillage, un détecteur de sourire. Si je me photographie en train de faire le poirier, prendra-t-il ma grimace d'effort pour un sourire de plaisir ?

     Il y a un mode AUTO, pour faciliter son utilisation par un cerveau normal, et un mode AUTO SIMPLIFIE pour les débiles dans mon genre, pour qui il a fallu développer une méta-couche d'outils de communication et des automatismes afin de l'empêcher d'empiler les conneries, vu son QI de bactérie et ses réflexes de betterave. Je peux donc prérégler sur un "type" de situation reconnaissable à l'avance : montagne, musée, paysage, plage, neige, aurore/crépuscule, sport, contre-jour, coucher de soleil, feux d'artifice, portrait de nuit, et, not last and not least, aliments. Si ! Si ! Il y a un préréglage adapté pour prendre un gros plan de mon assiette de carotte râpée ou d'une douzaine d'escargots gratinés à la noisette. Quand je voudrai immortaliser un couscous brochette sur une plage marocaine ensoleillée ou une fondue savoyarde en fin d'après-midi neigeuse dans le Grand-Bornand, j'aurai que l'embarras du choix.

     Mais si un jour, il ne reste qu'un bouton marqué "Démerde-toi", ça devrait suffire.

     Pendant des décennies, j'ai manipulé des appareils photo inertes, qui ne fonctionnaient que lorsque j'appuyais sur le déclencheur. Le reste du temps, ils redevenaient des objets prêts à être utilisés. De simples outils, comme une bêche de jardin ou un couteau à huître, qui ne font que prolonger mon action en la facilitant, en la démultipliant, en la complétant.

     Le zinzin japonais, il y a un système pour qu'il s'arrête tout seul si j'oublie de l'éteindre, parce que, pour le rendre prêt à fonctionner, je dois l'allumer.

    Je localise sur le dessus un bouton presque invisible tant il est noyé dans l'armature chromée, près des mots ON/OFF, parce que les japs savent que les étrangers qui achètent leur matos ne comprennent rien à leurs jolies pattes de mouche.

      J'appuie. Il est vivant.

     Il bouge dans ma main, s'éclaire de partout, émet des bruits à la R2D2, sort son nez. Je m'attends à ce qu'il me lèche la main, pour jouer ou réclamer à bouffer. Si je le laisse 3 minutes sans lui gratter la tête, il clignote, pour me dire qu'il a sommeil, et encore 3 minutes après, il s'endort tout seul. Je le regarde pour voir s'il va retourner se coucher dans sa boîte. Dès que j'ai trouvé les oreilles, je le fais tatouer.

     Pour le moment, le truc que je maîtrise le mieux, c'est la dragonne.

     Le dragon, ça va être plus long.

     Bon. Comment je vais l'appeler la bêbête, Alien, ou Stitch ?

 

 

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 22:47

   Le 1er tour approche. Ça sent la fébrilité jusque dans les mots. Chacun y va de son n'importe quoi, ça passe ou ça casse...

   Meetings, harangues, proposition d'avancée sociale bidon ou fantaisiste, recette dont on n'a pas la moitié des ingrédients, tant pis on balance quand même.

   Ça donne des monuments de démagogie, d'inepties, de mépris inexorable.

   Tarte à la crème du jour : 

   La mesure-phare de notre président bien-aimé (non, pas le camembert, l'autre !) consiste à verser les retraites le 1er du mois au lieu du 8.

   Putain, c'est bouleversifiant !

   Bonjour, la lèche aux retraités. 

   C'est ce qui s'appelle une mesure-fard.

   D'abord, si cela doit changer "la vie quotidienne" de 15,5 millions de français, pourquoi cela n'a-t-il pas été réalisé depuis des années ?

   Ensuite, il est toujours président, il peut initier cette opération dès maintenant. Sinon, n'importe quel candidat élu pourra la lancer. S'il n'est pas réélu, ça lui apportera quoi de dire que c'est lui qui l'avait initiée après 5 ans de pouvoir, mais pas exécutée ? Pourquoi avoir attendu la veille des élections ? Cette annonce n'entre dans aucune stratégie cohérente de politique sociale. C'est un truc sorti du chapeau à la va-vite, pour attirer le chaland. Il est aux abois, notre camembert.


   "La France devra faire un effort de 115 milliards d'euros... ". Traduction : les français de base (pas les milliardaires) sont appelés à se serrer davantage la ceinture. On est entraînés, depuis 5 ans. 

 

   Sarko demandera le gel de la contribution française au budget européen... Aucune raison que les autres chefs d'Etat acceptent, donc ça ne passera pas, on oublie.

 

   Les heures de travail pour les bénéficiaires du RSA... Réquisitionné pour le STO. L'ouvrier licencié du secteur automobile ira couper le gazon devant sa mairie. Ça va redresser l'économie, sûr...

 

   "S'il est réélu, le président espère un excédent budgétaire de 0,5% du PIB en 2017, à la fin du quinquennat." Ça c'est le méchant coup de pipeau. 

1) pourquoi pas 0,1% en 2013, 0,2% en 2014, etc. ? Parce qu'on est déjà dans le fumeux de chez fumeux, et il n'y a pas le moindre début d'esquisse pour arriver à ça. Si, se serrer la ceinture, pour commencer. Moi, je suis déjà au dernier trou, j'ai pas envie d'en faire d'autres. 

2) les promesses à long terme, genre écologie, social, augmentation du niveau de vie, il nous les avait déjà servies, pas une n'a été réalisée. Celle-ci ne le sera pas non plus, mais ce sera pas de sa faute, lui aura fait tout ce qu'il faut pour ça, mais ces salauds de capitalistes responsables de la crise, non, mais la crise l'en aura empêché, etc. On oublie.

   Il va adresser une lettre en 6 millions d'exemplaires pour nous expliquer tout ça. 

   Hé, Nicolas, économise la mienne! Même au tarif de gros, j'ai pas envie de payer pour me faire envoyer des conneries.

   Entretemps, le petit personnel s'agite. 

   NKM, porte-parole du candidat-président, a dit de l'élection de Franç... non, c'est encore une connerie, on oublie. 

   Maurice Leroy, ministre de la ville déclare "Nicolas Sarkozy propose une vision constructive de notre pays et...". Ouais, les visions, il est balèze. Allez, on oublie.

   Avec une constance qui me fait dire qu'il ira loin, J-F Coppé en a encore balancé quelques-unes, comme toutes les semaines, mais je les oublie aussitôt. Je les relirai dans quelques années, elles seront toujours d'actualité.

   Allez, les conneries... pardon, les élections ! on oublie un peu.

   Comment va le reste du monde ?

   Bien, merci.

 

   On nous bassine de partout pour rouler à l'électrique, voiture, vélo, skate, couteau à huître, brelan aux as par les rois, sous prétexte que ça ne pollue pas. L'électrique est nucléaire à 81% (c'est précisé sur ma facture) et comme chacun le sait, le nucléaire n'entraîne aucune pollution d'aucune sorte. Il y a eu une légère fuite radiomerdique dans une centrale nucléaire en Seine-Maritime, mais la radioactivité s'arrête à la frontière quand elle est étrangère, elle ne traverse pas le grillage quand elle vient de l'intérieur, donc on est peinard. Pas comme les japonais, qui ont 12 tonnes d'eau radioactive (à quel taux ?) parties dans la nature, donc à terme dans la mer pas loin. Comme ça, ils pourront continuer à pêcher les baleines avec un compteur Geiger. Le ça chie mi-radioactif pour l'estomac, après tout ce qu'ils se sont pris dans les poumons, c'est vraiment qu'ils aiment ça, les japs ! Ça sent le Darwin Award collectif. Je sens qu'ils vont encore nous épater.

 

   L'autre saloperie de Heil Hassad continue sur les traces de son père. Dix mille morts au moins, sans compter les blessés, les mutilés, les torturés. Des terroristes, c'étaient. Du nouveau-né au centenaire. Voilà où se cachaient tous les terroristes de la planète. En Syrie. 

   Une fois qu'il aura fini, il pourra faire une tournée des capitales, tous les chefs d'Etat seront heureux d'accueillir le sauveur de l'humanité. 

   A propos de la trève décidée pour que la Croix-Rouge essaie de ramasser quelques survivants, et dont il était évident depuis bien avant qu'il l'ait acceptée que Heil Hitler Hassad n'en a rien à branler, Alain Juppé, constatant, puisque l'armée continue à canarder les terroristes déguisés en civil, qu'elle n'est pas respectée, a dit "Je pense que Bachar Al Assad nous trompe.". Vachement réaliste, Juppé ! Intelligent, lucide, on sent que c'est un cerveau. Premiers prix de grec et de latin, Bac à 17 ans, Normale Sup, agrég de lettres classiques, Institut d'Etudes Politiques, l'ENA. Moi qui suis un nain de jardin à côté, je suis impressionné. Quel sens de l'observation, de l'analyse !

   Patientons encore quelques jours. Il ne va pas tarder à se rendre compte que l'autre psychopathe ira jusqu'au plus loin dans le massacre (on dit "répression" en langue politique), c'est à dire jusqu'à ce qu'il soit arrêté par quelqu'un, et pour le moment il n'y a pas vraiment consensus du côté russe, alors il n'y a pas vraiment d'échéance. 

   C'était notre rubrique: "Les syriens n'avaient qu'à pas élire une ordure à la présidence".

   Ils ne l'ont pas vraiment élu ? Ah, ben c'est ça... Fallait aller voter, les mecs !

 

   Eva Joly s'est cassée la gueule sur un trottoir. Elle avait passé un heure au bistrot avec Borloo ?

 

   Les zazous du Mali (vrais-faux touaregs, vrais-faux djihadistes, vrais cons armés jusqu'aux dents) s'éclatent en jouant à la guerre, surtout dans sa forme préférée chez les primaires: tirs, viols, pillages, roulage des épaules en arrivant sur la place de la Mairie, rigolade virile le soir entre copains, félicitations mutuelles et réciproques.

   Il n'y a même pas de revendications territoriales, de nationalisation industrielle prévue, de projet de développement, de programme politique, de mise en place d'un conseil révolutionnaire, de nomination d'un gouvernement provisoire, de constitution, d'élection. C'est pas une révolution contre un pouvoir qui les oppressait (personne les faisait vraiment chier dans leur désert tellement c'est paumé), c'est pas une guerre de libération, de conquête, c'est pas une guerre économique (le PIB local remplirait pas ton chariot à Carrefour), c'est rien. Juste pour faire chier, s'éclater, kidnapper quelques meufs en attendant de pouvoir en disposer de façon chariesque. Ah, quel plaisir d'utiliser des armes, neuves, modernes, qualité occidentale, et de tirer dans tous les sens !

   C'était notre rubrique: "Les cons ne savent pas ce qu'est la démocratie".

   Hein?... Ici, on sait, mais ça ne nous empêche pas d'être... Oui, c'est vrai. Les pas-cons savent ce qu'est la démocratie, mais ça ne semble pas leur trouer le cul ?... D'accord. Un partout, la balle... dans le fusil ?

 

   On a trouvé un gros dynosaure à plumes de 100 millions d'années. Ça ressemble à un poulet d'une tonne quatre. Il se serait échappé d'un élevage clandestin. L'animal n'était pas identifié. On recherche son propriétaire. Pour négocier avec lui le prêt d'un deuxième spécimen de sexe opposé, histoire de récupérer des oeufs de 40 kg. Les chinois, les affamés, Steven Spielberg sont intéressés. Et tous les enfants qui cherchent des oeufs dans les jardins.

   Ce que j'aime bien dans la religion, ce sont les jours de congé. L'angoisse de mort des autres, ça a du bon, parfois ! 

 

 

 

 

 

 

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  • : Le blog de vraiment-trop-cons.le-livre.over-blog.com
  • : Le nom de ce blog est celui d'un roman qui n'a pas encore trouvé d'éditeur. L'histoire de quelques échantillons d'hommes, pris depuis toujours dans leur spirale sans issue. Des extraits sont disponibles dans la catégorie "Le livre: EXTRAITS", avec un peu de cons déments autour, pour rehausser le goût.
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